D’emblée J.Pierre Boudine déclare que son livre ne se veut pas livre de science-fiction mais plutôt un livre d’humeur, une réflexion.. Voilà qui règle déjà une question. A la remarque sur le discours cauchemardesque, il répond par un large sourire et balaie d’un revers de manche le commentaire : « A quoi bon être toujours positif, de temps en temps aller à contre courant un peu de négativisme ne fait pas de mal et cela ne suppose pas que je sois moi-même dépressif ». Non, cela ne fait aucun doute, J.P. Boudine n’a rien d’un mélancolique, il semble plutôt bien aimer la vie. Alors pourquoi avoir exhumé ce paradoxe attribué à Fermi sans que l’on en soit bien sûr ?
Si on n’est pas capable de se supporter, le monde va droit au chaos. Or c’est ce que l’auteur prophétise dans son livre en illustrant le paradoxe de Fermi. La destruction de la vie humaine est inéluctable. Comme il n’y a pas eu de contacts avec d’autres formes de vie extra terrestres, (compte tenu qu’il faudrait à peine 5 millions d’années pour essayer) et qu’il est peu probable que la vie humaine soit un exemple isolé cela veut dire que le paradoxe a lieu d’être et que la seule issue est la fin de l’espèce humaine jusqu’à ce que d’autres formes ressurgissent.
Au niveau des explications, l’auteur justifie la future disparition
de l’espèce par l’incapacité de la société à savoir
gérer ses relations de cohésion. Par ailleurs, nous ne savons
pas non plus gérer nos évolutions, tel le mégacéros
qui avait vu ses ramures se développer et qui n’arrivait plus à se
mouvoir dans les bois sans savoir qu’il lui suffisait de gagner des espaces
sans obstacle ; inadaptation donc du fait de l’évolution technologique
conduisant à des impasses, trop grand déséquilibre dans
la répartition des richesses. Ce scénario-catastrophe étant
parfaitement réaliste, en effet ce n’est plus de fiction qu’il
s’agit et résultat, nous avons froid dans le dos quand l'auteur
situe la date fatidique en 2012. Comme il est plus aisé d'évoluer
que de régresser, s'imaginer luttant pour sa propre survie dans une
grotte perchée dans les Alpes ne nous inspire guère. Conclusion
: réapprenons si ce n’est trop tard les gestes élémentaires
de survie, la disparition programmée est en marche.
Peu de temps consacré à La patrouille du temps de Poul Anderson
: c’est un livre de science-fiction classique du genre uchronie. A un
peu vieilli mais agréable à lire pour les amateurs de SF. La
patrouille du temps est une sorte de police temporelle secrète chargée
de rectifier ou d’empêcher les manipulations dans le passé.
Manse Everard est au centre de chacune des 4 nouvelles qui sont réunies
dans ce roman et il nous fait voyager à travers le temps, de la Rome
ancienne, au temps fort des Mongols qui ont failli envahir l’Amérique
du nord.
<<< Séance précédente : «La tâche»
Séance suivante >>> : «L'ignorance»