Rarement roman aura donné lieu à autant d’avis contrastés. Tous les profils étaient représentés, depuis les inconditionnels de Kundera déçus, les inconditionnels de Kundera ravis, les indifférents au thème proposé, ceux qui lisaient du Kundera pour la 1ère fois ; bref un joyeux panel d’opinions. Jusqu’à l’ analyse du style jugé par les uns, sublime dans sa concision et par les autres trop léger et révélateur d’une panne de la créativité. « L’émigration n’émousse-t-elle pas la créativité » ou « l’ âge fort avancé de l’auteur fatigué d’écrire expliquerait-il la panne d’inspiration ? ».
Peut-être fallait-il se sentir particulièrement concerné par le sujet car ceux ou celles qui ont adoré le roman vivent un exil librement choisi ou imposé et sont sensibles au thème du déracinement et de leurs conséquences.
Faut-il rappeler que Kundera qui se défend d’avoir voulu écrire un roman autobiographique, est lui-même un Tchèque exilé. Il a quitté son pays alors qu’il était opposant politique. Très bien accueilli en France, il a adopté la nationalité et la langue françaises. Quand le mur de Berlin est tombé, beaucoup autour de lui lui ont posé la question de son retour au pays. Son dernier roman « L’ignorance » met en scène deux émigrés qui reviennent au pays. Kundera fait un parallèle avec l’exil d’Ulysse mythe fondateur du retour difficile au pays.
Le titre L’ignorance, là encore beaucoup de questions pour un roman qui traite du déracinement ou de la recherche d’identité à la suite d’un exil forcé par rejet d’un système honni. Mais « L’identité » ayant déjà été choisi par l’auteur, Kundera a préféré « L’ ignorance » qui ne s’applique pas au savoir mais aux côtés inconnus de la nature humaine. Il aborde le thème de la mémoire sélective, le difficile travail de mémoire, que retient-on de toute une vie ?. Deux êtres se croisent, ils auraient dû se reconnaître, seule Irena se souvient, les êtres ne se souviennent pas de la même chose.
Beaucoup de nostalgie dans ce roman : Sentiment de mal-être, perte de repères, difficile quête de son identité et difficile retour aux sources. Pour Kundera, partir rend le retour quasiment impossible.
Sélection de livres évoqués à découvrir
(certains ont été choisis pour les séances suivantes ):
Sourires de loup Zadith Smith : retenu pour la séance de rentrée
Le cavalier suédois Leo Perutz : retenu pour octobre (19 octobre)
Le cercle de la croix Ian Spears
La passion Caravage Dominique Fernandez
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