Taisez-vous, …un ange passe, l'ange est passé inaperçu et le livre ne nous a pas laissé muets ; le thème : un repas d'amis( !) de relations, de désoeuvrés un soir d'été à Corfou, les invités : des couples « intello-mondains » qui tiennent des propos qui se veulent pleins d'esprit mais ne sont tenus que pour meubler le temps.
Nous a sans doute déplu, la vacuité des propos et des situations, peut-être était-ce l'intention de l'auteur de dénoncer ce milieu mondain qu'il connaît sans doute très bien, mais force est de constater que le résultat nous a à la quasi unanimité laissé indifférent. Que cherche-t-on le plus souvent dans la littérature, si ce n'est que de passer un moment de plaisir et ce ne fut pas le cas : des personnages à peine esquissés, peu dignes d'intérêt et superficiels. On attendait mieux d'un livre publié chez un grand de l'Edition et signé d'un Immortel qui ne le restera pas longtemps dans nos mémoires. Peut-être fallait-il le lire au bord de l'eau au mois d'août pour en saisir la subtilité mais pour la plupart d'entre nous, cette subtilité nous a échappée.
Tout autre genre, tout autre style : La conjuration des imbéciles met en scène un homme encore jeune (la trentaine) qui répond au prénom et nom d'Ignatius Reilly. C'est un éternel oisif, diplômé, penseur, persifleur, moralisateur, pamphlétaire, en révolte permanente contre le système et les hommes, inventeur fou de théories révolutionnaires et politiques destinées à régler les problèmes socio-politico-moraux de la société.
Pervers, méchamment ironique, incongru, bref un personnage plutôt jugé antipathique par la plupart d'entre nous. Affublé d'un pardessus et d'une casquette à carreaux à la manière de Sherlock Holmes, gros, adipeux, il aun goût immodéré pour les hot dogs il évolue dans la vie toujours en décalage par rapport à son milieu, il souffre de son anneau pylorique, imperfection mécanique imaginaire qui lui bloque le souffle et lui sert d 'alibi pour justifier son inactivité. Ignatius fait partie de ses personnages de légende inadaptés déformés par la société et réformateurs permanents en théorie mais incapables de trouver leur place. Tous les personnages sont vus à travers son prisme déformant et aucun ne trouve grâce à ses yeux.
Livre inclassable, qualifié de farce délirante et de roman picaresque, si on passe le cap du langage qui peut parfois heurter, on le trouve loufoque, drôle, caustique, dommage que certaines longueurs coupent un peu le souffle de la lecture.
Peinture des années 60 de l'après Mac Carthysme dans les milieux populaires de la nouvelle Orléans ; l'éternel étudiant passe son temps à pester contre les incohérences de la vie et ne doit son salut qu'à l'attachement de son ancienne petite amie à ses théories politiques.
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