Dans « L’ordre du jour » l’auteur raconte des épisodes, des « coulisses », qui ont précédé « l’anschluss » en Autriche et à partir de là, l’entrée en guerre du Reich nazi.
Selon Raphaëlle Leiris « En 160 petites pages, il montre comment « Les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petits pas » et il soulève « les haillons hideux de l’histoire »
Maryse a expliqué son coup de cœur pour ce livre Goncourt 2017.et le choix voulu d’un livre court de temps en temps.
Elle a été frappée par ce style percutant, et la construction de tableaux, scènes de théâtre ou de cinéma sur les coulisses de l’anschluss, et a appris des choses, comme l’accueil des allemands par la population de Vienne. Elle ne savait pas que l’auteur était aussi cinéaste ce qui explique le caractère « scénique » des divers tableaux.
Lucie, l’a vu moins comme un récit ou roman historique mais comme un spectacle une pièce de théâtre avec ses différentes scènes. L’ironie contribue à décupler la monstruosité des faits.
L’ensemble des participants a aimé ce livre, certains l’ont cependant décrit comme angoissant et procurant un malaise.
L’unanimité s’est faite sur la qualité du style, percutant, des phrases courtes mais denses, visiblement très travaillées. Parfois même une forme de poésie, un style très doux, suivi d’une chute brutale. Joël a souligné la force des différentes scènes et a regretté « qu’on connaisse la fin ».
Les moments grotesques, ou cocasses soulignent par différence, la gravité des situations. Chacun a été plus frappé par un chapitre : Hitler et le chancelier Schussnig, l’embouteillage des panzers, la réunion des grands patrons, l’accueil des viennois, le procès de Nuremberg.
Personne n’a mis en cause la véracité des descriptions, l’auteur s’est fortement documenté, la discussion a porté sur l’interprétation de la « lâcheté », « l’aveuglement ?» des dirigeants français et anglais. Marc a cependant pointé la complexité d’une démonstration a posteriori.
Pour Jean Pierre, des gens comme Daladier pensaient sincèrement sauver la paix. Pour Pierre, il faut comprendre que les démocraties avaient autant peur du communisme que du nazisme, comme le rappelle Jean-Pierre à propos de la propagande de l’époque...Pour Nicole c’est un choc des cultures entre les vieilles démocraties qui croient en la diplomatie et un projet d’expansion barbare. Un choc des cultures. Marie Luce y voit les effets de l’impact du bluff, du fait accompli.
Beaucoup ont été choqués d’apprendre ou de se souvenir du rôle d’un certain patronat allemand, qui ne s’est pas contenté de financer le Reich, mais a « affermé » les prisonniers des camps de concentration pour faire une guerre rentable « néanmoins les juifs ont coûté trop cher », assertion relevée par tous.
Beau débat, belle soirée, le dîner a été très agréable, une ambiance amicale qui augure bien de la vitalité du cercle en 2019.
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