Réunis par l’écrivain J-F. de Tonnac, Jean-Claude
Carrière
et Umberto Ecco se livrent dans ce livre à de brillants paradoxes, dont
celui qui ouvre le livre : les supports modernes électroniques de l’écrit
sont ceux qui demeurent utilisables le moins longtemps, alors que le livre reste
utilisable depuis plus de 600 ans. De ce propos on passe à d’autres,
mais toujours avec le souci de souligner le rare, le paradoxal, l’imprévu,
que l’on contrastera au banal, au stéréotype, ou à la
bêtise. Le ton du livre est celui de la conversation, et l’on sait
qu’une conversation peut rapidement passer du coq à l’âne
si on n’y met pas bonne garde. C’est le rôle que s’est
donné Tonnac, l’organisateur, qui semble avoir un plan tout prêt
des thèmes à aborder.
Dans la très grande majorité, les membres du cercle ont beaucoup
aimé ce livre, certains l’ont même trouvé éblouissant,
comparant les joutes entre les deux protagonistes principaux à des feux
d’artifice. D’autres ont été un peu plus réservés,
soulignant seulement la grande érudition des auteurs mais trouvant que
cela pouvait aller vers de l’arrogance et de la pédanterie. D’autres,
tout en reconnaissant s’être amusé à le lire, avouaient
ne plus vraiment se souvenir du contenu, une sorte de feu de paille intellectuel.
La forme du livre, le dialogue, a bien plu à certains mais indisposé d’autres
membres du cercle. Dans la discussion, on a signalé que ce livre, par
la forme, se rattachait en effet à une vieille tradition du dialogue philosophique
(Socratique, platonicien) et par le fond posait le problème de la difficulté à évoquer,
autrement que par bribes décousues, des évènements situés
dans des passés lointains et des géographies distantes (de la Grèce
ancienne au monde proche de nous, en passant par les mythes fondateurs hindous,
l’Italie médiévale, la conquête espagnole du Mexique,
etc.).
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