« Une saison blanche et sèche » fut écrit à la fin des années 70 au moment où l’apartheid était à son apogée en Afrique du Sud. L’accueil à sa sortie fut suivi de nombreux prix couronnant un roman courageux et d’une puissance étonnante pour l’époque. Aurait-il connu un tel engouement de nos jours, nous avons depuis, suivi les évènements qui ont quelque modifié le paysage politique. Si, par le style et les évènements décrits, l’œuvre a paru à certains quelque peu vieillie, les thèmes des régimes totalitaires sont malheureusement récurrents et universels. L’histoire narrée aurait pu se dérouler au Cambodge, en Allemagne de l’est , voire en Amérique du sud comme nous l’avons souligné. Ce qui nous a paru unanimement fascinant, ce sont le portait psychologique et la transformation progressive du personnage central, héros anonyme qui peu à peu s’enlise et persiste dans sa conduite, très lucide quant à l’éventualité d’une issue fatale et qui inéluctablement bascule pour avoir transgressé les lois. L’apartheid ne fonctionne que si les communautés s’ignorent totalement, dès lors que Ben Du Toit s’identifie à son jardinier noir, Gordon et à ses problèmes, il franchit une ligne interdite et s’expose à des réactions en chaîne des autorités au pouvoir et de la police secrète.
Ben Du Toit est-il idéaliste et naïf ou est ce le monde des valeurs humanistes qui est floué ? La question de l’utilité de ses actes fut aussi soulevée ainsi que la référence aux thèses de Camus Quant aux autres personnages, leur rôle fut diversement commenté : flou pour certains, déterminant pour d’autres, la question de savoir quelles sont les limites du droit à disposer de soi-même a été soulevée. Ben Du Toit a en effet entraîné sa famille, qui du reste s’empresse de le lâcher, voire de le trahir pour se protéger. La romance avec Mélanie, était-elle nécessaire à l ‘histoire ou illustre-t-elle la lumière dans ces ténèbres, la lueur d’espoir ? La construction du roman a quelque peu décontenancé.
Le fait de savoir dès le départ l’issue finale a parfois gêné, pas de suspens, pas de surprise, bien que nous ayons admis que l’aspect témoignage (aliénation d’un système totalitaire) était à l’époque plus important que la trame elle – même. Ceux qui ont eu la chance de voir le film en ont gardé un excellent souvenir A voir et à revoir
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