Séance autour de 4 textes courts extrêmement agréables à découvrir + 1er soleil de la saison = tous les ingrédients réunis pour une excellente réunion.
L'ami retrouvé, Lettre de Conrad de Fred Ulhmann et Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor: thème de l'amitié avec en toile de fond un univers politique oppressant qui séparera les protagonistes. Dans un cas, 2 adultes sont concernés, dans l'autre cas 2 adolescents.
Livre pédagogique, explicatif, romancé, à message, pour les 2 premiers, 2 volets d'une même histoire qu'il faudrait éditer en même temps car si pour « l'ami retrouvé » c'est une histoire en soi qui se tient, lire La lettre de Konrad sans préalable, laisse dans le flou etl'incompréhension. Nous convenons à l'unanimité que ce livre doit être largement diffusé auprès des jeunes pour réhabiliter les possibles amitiés, redonner de l'espoir, même si cette amitié a des accents amoureux presque "eau de rose". A lire aussi "Il fait beau dimanche" autobiographie de Fred Uhlmann - né en 1901 à Stuttgart et mort en 1985 à Londres - pour compléter le sujet sur cet auteur révélé écrivain par hasard et qui eut une vie errante et artistique
Inconnu à cette adresse est une prouesse du genre. En une trentaine de lettres courtes, incisives, nous pénétrons dans le milieu artistique californien de l'entre deux guerres : qualité de vies, insouciance de la jeunesse, milieu artistique, élégant et aisé. Le livre pend un ton inattendu et bascule peu à peu au fur et à mesure de l'éloignement des 2 associés-amis et à l'annonce laconique de la mort de la sœur de l'un d'entre deux, nous découvrons peu à peu l'explication de ce changement de ton : la vengeance est un plat qui se mange froid : habilement ourdi, préparé, orchestré, cette vengeance est implacable et inexorable compte tenu du contexte. le livre s'achève sur le retour à l'envoyeur d'une lettre "Inconnu à cette adresse" qui donne le titre à ce texte magnifique écrit presque par hasard, œuvre unique d'une journaliste en 1938. Le livre prend plus encore de force.
En marge de ce thème mais évoquant la période de la guerre 39-45 dans Effroyables jardins de Michel Quint un homme mûr s'interroge sur son enfance, son trouble, sa gêne, son embarras devant un père instituteur qui endosse régulièrement un habit de clown ridicule et s'improvise amuseur public, L'enfant devenu adolescent est amené au cinéma voir un film allemand et l'oncle qui a aussi une attitude étrange d'après son neveu prend la parole et de « pauvres » types l'oncle et le père endossent l'habit du héros un peu malgré eux, mais héros d'opérette.
Nous reste un sentiment de malaise vis à vis de la tante qui a joué un rôle étrange entre son 1er mari poussé au sacrifice et le 2ème mari « assassin involontaire du 1er. C'était la guerre. Ce texte court, incisif, original sans mots superflu au style 'popu', 'chti', policier', nous laisse une interrogation quant au titre choisi (extrait d'une citation d'Apollinaire aussi sybilline).
Fiction, histoire vraie, parabole, métaphore la seule certitude est que l'auteur plus rodé dans les romans policiers bien ficelés a dédié ce court texte à la mémoire de son grand père, ancien combattant et de son père ancien résistant.
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