A l’unanimité, nous avions opté pour un livre de John le Carré avec un a priori favorable car en matière de roman d’espionnage, John le Carré fait figure de référence. Là s’arrêtent nos visions communes car « Une amitié absolue » a laissé perplexe certains d’entre nous, qualifiée parfois de « plus mauvais roman de la série ».
Cette amitié absolue concerne 2 hommes dépassés par l’Histoire, qui ont plus ou moins raté leur vie en croyant bien faire : un ex-agent du contre espionnage et Sasha ex-bolcho convaincu, et à l’origine de la vie d’agent double de Ted Mundy. Situons le dans le temps. Il s’agit du dernier roman, écrit semble t-il dans la précipitation après les évènements de 2001 aux USA. John le Carré reste fidèle à sa conception d’espionnage des années 60-70 où les choses étaient claires : 2 blocs antagonistes, chacun se reconnaissant, les espions jouaient leur rôle avec leurs codes, dignes de la chevalerie. Or le 11 septembre, la guerre de l’Irak, l’omnipuissance des USA sont venus bouleverser les données. Comme pour illustrer la situation, « Une amitié absolue » a eu parmi nous ses défenseurs et ses détracteurs.
Pour la défense : l’espionnage n’est qu’un prétexte, les espions sont des hommes, parfois décalés, attachants, touchants dans leur fragilité, après un long préambule (souvent le cas dans tous les livres de Le Carré), on comprend mieux vers la fin les personnages et on est sensible à cette amitié extraordinaire.
Arguments contre : on s’attend à un roman d’espionnage classique, des héros sans faille et on trouve deux héros qui ne savent pas ce qu’ils veulent, le livre est bricolé, l’histoire est tordue, les rythmes sont différents, plaqués, le tout manque de construction.
Nous avons tous vu le côté politique collant à l’actualité. John le Carré (perçu dans l’ouvrage sous le nom d’Arnold Amaury) est manifestement insatisfait de la politique de Blair et de Bush et a voulu le faire savoir. L'auteur n'aime pas la guerre, pas celle de George W. en tout cas. On le sent exalté, animé du désir de réveiller les Anglais et les Américains en leur lançant son livre à la figure!
<<< Séance précédente : «La transbordeuse d'oranges»
Séance suivante >>> : «Le premier homme»