Nous avons visité le matin le château de Monte Cristo et le petit
château d’If - où l’auteur écrivait - très
intéressants et situés dans un beau parc à Port Marly. Nous
avons beaucoup appris sur cet auteur, très prolixe, à la fois original
et bien ancré dans son époque.
La tulipe noire est un roman très romanesque, comme le veulent l’époque
et son auteur.
Côté négatif : certains n’ont pas apprécié son
côté manichéen, avec les bons et les méchants, un
peu caricaturaux, pas très crédibles. Beaucoup ont détesté le
début historique très sinistre du roman, avec le supplice des frères
de Witt, républicains qui ont passé un accord avec Louis XIV. Leur
mort laisse la place au jeune Guillaume d’Orange qui veut restaurer l’Empire.
Certains ont trouvé cette première partie du roman compliquée,
déconnectée de l’intrigue principale de la tulipe noire,
et pas très utile. Par ailleurs, l’histoire romanesque des caïeux
de la tulipe noire s’étire en longueur. On comprend mieux pourquoi
avec la visite du château le matin : Dumas écrivait ses romans sous
forme de feuilleton et les faisait paraître dans ses journaux. Du coup,
il fallait y inclure divers rebondissements pour que l’histoire dure et
tienne ses lecteurs en haleine. Il fallait aussi répéter régulièrement
des bribes de l’intrigue pour rappeler le contexte, une personne a qualifié le
livre « d’usine à mots ». Il est vrai que Dumas faisait
travailler de nombreux « nègres » chargés de lui dénicher
de bonnes idées pour ses histoires et qui, sans doute, écrivaient
aussi une mouture pour un certain nombre de passages. On note néanmoins
que son « principal nègre », Auguste Maquet, s’est essayé à écrire
lui-même un roman qui n’a pas eu de succès. Il n’a pas
réussi à égaler le génie de Dumas…
Côté positif : plusieurs lecteurs ont dit avoir lu ce roman, assez
court, facilement, et se sont laissé prendre par l’intrigue des
caïeux de tulipe et de ses rebondissements. Ils ont apprécié l’humour
de l’auteur et lu le livre avec plaisir, avec une « âme d’enfant » a
dit l’un d’entre nous. Cornelius a surmonté de nombreux obstacles
pour parvenir à faire éclore sa tulipe noire, obtenir la reconnaissance
de son innocence dans le complot républicain et parvenir à l’épanouissement
de son idylle (comme une tulipe ?). Il a dû échapper à la
guillotine, déjouer les ruses de son adversaire et voisin jaloux, Boxtel
, sortir de prison, etc.
Une lectrice a expliqué que les oignons de tulipe étaient importants à cette époque
(et à d’autres) d’un point de vue économique, ils ont
permis à certains de s’enrichir. Encore aujourd’hui, les Hollandais
ont acquis des terres en Bretagne pour cultiver des oignons. Une personne a souligné que
la fameuse tulipe noire n’existait toujours pas, une fleur violet foncé s’en
rapproche. La tulipe noire dans le roman est comme la quête du Graal et
Cornelius aime autant ses caïeux que Rosa…
La plupart d’entre nous ont souligné le fait que les rebondissements
du roman étaient très prévisibles et que l’issue heureuse
avec l’intervention du prince était quelque peu « téléphonée ».
Un lecteur a fait remarquer que la manière dont Cornelius apprend à lire
(très rapidement) à Rosa, à la lueur d’une bougie,
en tenant une bible dans l’autre main, à travers la grille de la
porte du prisonnier est passablement invraisemblable… Et la manière
dont le voisin détruit les plants de tulipe dans le jardin de Cornelius
en attachant des chats à une ficelle est proprement scandaleuse !
Un roman pas inoubliable mais qui nous a permis de découvrir un livre
moins connu de Dumas.
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