Le roman Le ventre de l'Atlantique se passe principalement dans la petite île
de
Niodior
au Sénégal.
Le grand rêve des habitants ? Se rendre en France, pays de cocagne pour
ces Africains isolés qui n’ont pas grand-chose, ils vivent de pêche
et d’un peu d’agriculture. Par quel moyen ? Pour certains - comme
Madické, le frère de la narratrice – en devenant champion
de foot… Une jeune femme, Salie, qui vit en France, tente d’expliquer
aux habitants de l’île que la vie en France n’est pas si merveilleuse
et facile pour les Africains qu’ils l’imaginent. La solution, pour
eux, serait plutôt d’essayer de développer modestement la
vie locale. Madické finira par acheter une petite épicerie à Niodior
avec l’argent économisé par sa sœur et renoncera à ses
rêves d’émigration.
Presque tous les participants ont apprécié ce livre. Deux d’entre nous ont malgré tout émis des réserves. L’un s’est déclaré insensible au langage très fleuri et « parabolique » de l’auteur, ce qui lui a rendu la lecture du livre difficile. Par ailleurs, il a trouvé le roman intéressant car l’on sent qu’il s’agit d’une histoire vécue ; mais il n’a pas aimé le manichéisme des prises de positions, de l’auteur, qui se répètent.
Une lectrice a dit que, pour elle, il ne s’agissait pas d’un roman mais d’une autobiographie, et que les différentes phases du livre lui paraissaient du coup très décousues, même si le déroulement est chronologique. Elle a aussi trouvé que le football était par trop présent, même si les scènes de match sont décrites d’une manière originale et dans une langue très imagée. Un participant, amateur de foot, a fait remarquer que le roman est construit autour de deux événements footballistiques majeurs : en effet, l’histoire démarre en 2000 pendant la coupe d’Europe, gagnée par la France contre l’Italie, et s’achève par la coupe du monde de 2002, lorsque le Sénégal a vaincu la France et a ainsi atteint les quarts de finale (ce qui n’a pas été le cas pour l’Italie non plus), une première pour le pays et rare pour le continent Africain.
Nombreux sont ceux qui ont souligné le style imagé et très fleuri de l’auteur. Une manière de revisiter le français en y insufflant moult éléments issus de la culture et des contes africains. Le style est condensé, Fatou Diome sait, en quelques mots très forts, dépeindre une scène, un sentiment… Son art narratif reflète celui des contes africains dont elle s’est affranchie mais qui restent bien vivants en elle. Certains lecteurs ont reconnu, dans les histoires que Fatou Diome raconte, des traits caractéristiques du Sénégal,comme la ruse : l’hôtelier qui demande à Salie de l’argent afin d’acheter des médicaments pour sa femme qui vient d’accoucher et qui ne va pas bien. Plusieurs participants ont connu une histoire semblable en voyageant dans ce pays…
L’histoire est riche, le regard de Salie sur l’émigration des Africains en France est sans pitié. Pour la plupart des candidats à l’exil, cette émigration est vouée à l’échec. Et ceci, malgré les rêves entretenus par certains, comme « l’homme de Barbès » qui revient sur l’île chaque année, fait des cadeaux à tous ou prend une nouvelle femme plus jeune en multipliant sa descendance. Mais il y a aussi le contre-exemple, celui de Moussa, espoir du football, qui échoue et est renvoyé chez lui. Son échec, magnifié par la communauté, le conduira au suicide.
Plusieurs personnages du livre, très attachants, ont retenu l’attention des lecteurs. Citons l’instituteur, Ndétare, qui, comme Salie, essaie d’ouvrir les yeux des locaux sur le mirage de l’émigration en France en relatant sans relâche la terrible histoire de Moussa. Il y a aussi la grand-mère de Salie, qui a élevé l’enfant illégitime, une figure très bienveillante. Bien qu’illettrée elle-même, elle finira par accepter que Salie, douée, se rende à l’école. Sans oublier le marabout libidineux, qui profite largement de son pouvoir pour assouvir ses instincts vitaux…
Enfin, il y a Salie elle-même – Fatou Diome sans doute – qui vit en France mais ne se sent plus chez elle nulle part, ni sur l’île de son enfance, ni en France où elle ne se sent pas véritablement acceptée. Comme l’héroïne de son livre, Fatou Diomea épousé un Français et s’est rendu en France avec lui pour divorcer deux ans plus tard, rejetée par la famille de son mari.
Reste à élucider le titre « Le ventre de l’Atlantique ». Un lecteur pense qu’il est souvent question de « ventres » dans le livre : il faut manger et le rôle principal des femmes est notamment de concevoir de nombreux enfants. Cela s’explique aussi par le fait que Niodior est une île, un bout de terre comme un « ventre » dans l’océan atlantique. L’auteur décrit d’ailleurs sa grand-mère comme « le phare planté dans le ventre de l’Atlantique ».
Ce livre a donné lieu ensuite à de nombreuses discussions sur les problèmes de l’émigration. En voici quelques extraits. Une lectrice trouve que la vision occidentale véhiculée par le livre est négative et un peu caricaturale, tout n’est pas si simple. En effet, de nombreux « blancs » se dévouent pour le continent africain. Ceux qui connaissent le pays disent qu’au Sénégal, les gens sont particulièrement racistes. Une autre lectrice souligne le fait que l’émigration est un phénomène social omniprésent dans le monde actuel ; il faut bien comprendre la volonté farouche des candidats à l’émigration de quitter leur pays, de se ruiner pour payer un passeur. Ils savent qu’ils risquent leur vie mais sont prêts à tout tenter pour partir, même s’ils deviennent souvent des sans-papiers qui vivotent dans le pays « d’accueil ».
Presque tous les participants ont apprécié ce livre. Deux d’entre nous ont malgré tout émis des réserves. L’un s’est déclaré insensible au langage très fleuri et « parabolique » de l’auteur, ce qui lui a rendu la lecture du livre difficile. Par ailleurs, il a trouvé le roman intéressant car l’on sent qu’il s’agit d’une histoire vécue ; mais il n’a pas aimé le manichéisme des prises de positions, de l’auteur, qui se répètent.
Une lectrice a dit que, pour elle, il ne s’agissait pas d’un roman mais d’une autobiographie, et que les différentes phases du livre lui paraissaient du coup très décousues, même si le déroulement est chronologique. Elle a aussi trouvé que le football était par trop présent, même si les scènes de match sont décrites d’une manière originale et dans une langue très imagée. Un participant, amateur de foot, a fait remarquer que le roman est construit autour de deux événements footballistiques majeurs : en effet, l’histoire démarre en 2000 pendant la coupe d’Europe, gagnée par la France contre l’Italie, et s’achève par la coupe du monde de 2002, lorsque le Sénégal a vaincu la France et a ainsi atteint les quarts de finale (ce qui n’a pas été le cas pour l’Italie non plus), une première pour le pays et rare pour le continent Africain.
Nombreux sont ceux qui ont souligné le style imagé et très fleuri de l’auteur. Une manière de revisiter le français en y insufflant moult éléments issus de la culture et des contes africains. Le style est condensé, Fatou Diome sait, en quelques mots très forts, dépeindre une scène, un sentiment… Son art narratif reflète celui des contes africains dont elle s’est affranchie mais qui restent bien vivants en elle. Certains lecteurs ont reconnu, dans les histoires que Fatou Diome raconte, des traits caractéristiques du Sénégal,comme la ruse : l’hôtelier qui demande à Salie de l’argent afin d’acheter des médicaments pour sa femme qui vient d’accoucher et qui ne va pas bien. Plusieurs participants ont connu une histoire semblable en voyageant dans ce pays…
L’histoire est riche, le regard de Salie sur l’émigration des Africains en France est sans pitié. Pour la plupart des candidats à l’exil, cette émigration est vouée à l’échec. Et ceci, malgré les rêves entretenus par certains, comme « l’homme de Barbès » qui revient sur l’île chaque année, fait des cadeaux à tous ou prend une nouvelle femme plus jeune en multipliant sa descendance. Mais il y a aussi le contre-exemple, celui de Moussa, espoir du football, qui échoue et est renvoyé chez lui. Son échec, magnifié par la communauté, le conduira au suicide.
Plusieurs personnages du livre, très attachants, ont retenu l’attention des lecteurs. Citons l’instituteur, Ndétare, qui, comme Salie, essaie d’ouvrir les yeux des locaux sur le mirage de l’émigration en France en relatant sans relâche la terrible histoire de Moussa. Il y a aussi la grand-mère de Salie, qui a élevé l’enfant illégitime, une figure très bienveillante. Bien qu’illettrée elle-même, elle finira par accepter que Salie, douée, se rende à l’école. Sans oublier le marabout libidineux, qui profite largement de son pouvoir pour assouvir ses instincts vitaux…
Enfin, il y a Salie elle-même – Fatou Diome sans doute – qui vit en France mais ne se sent plus chez elle nulle part, ni sur l’île de son enfance, ni en France où elle ne se sent pas véritablement acceptée. Comme l’héroïne de son livre, Fatou Diomea épousé un Français et s’est rendu en France avec lui pour divorcer deux ans plus tard, rejetée par la famille de son mari.
Reste à élucider le titre « Le ventre de l’Atlantique ». Un lecteur pense qu’il est souvent question de « ventres » dans le livre : il faut manger et le rôle principal des femmes est notamment de concevoir de nombreux enfants. Cela s’explique aussi par le fait que Niodior est une île, un bout de terre comme un « ventre » dans l’océan atlantique. L’auteur décrit d’ailleurs sa grand-mère comme « le phare planté dans le ventre de l’Atlantique ».
Ce livre a donné lieu ensuite à de nombreuses discussions sur les problèmes de l’émigration. En voici quelques extraits. Une lectrice trouve que la vision occidentale véhiculée par le livre est négative et un peu caricaturale, tout n’est pas si simple. En effet, de nombreux « blancs » se dévouent pour le continent africain. Ceux qui connaissent le pays disent qu’au Sénégal, les gens sont particulièrement racistes. Une autre lectrice souligne le fait que l’émigration est un phénomène social omniprésent dans le monde actuel ; il faut bien comprendre la volonté farouche des candidats à l’émigration de quitter leur pays, de se ruiner pour payer un passeur. Ils savent qu’ils risquent leur vie mais sont prêts à tout tenter pour partir, même s’ils deviennent souvent des sans-papiers qui vivotent dans le pays « d’accueil ».
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