L'agencement des mots suffit-il à faire un beau texte littéraire, une poésie en prose ? Rien n'est moins sûr, Gérard de Nerval pour la plupart d'entre nous, évoquait les poèmes appris au Lycée et nos souvenirs sont diffus ; la lecture des «Filles de feu» fut plus une découverte qu'un rappel, une découverte plutôt décevante.
Œuvre disparate, à l'image de son auteur à la vie chaotique, certaines nouvelles qui constituent cet ensemble laissaient transparaître un écrivain fiévreux, rêveur, amoureux des femmes sans jamais arriver à séduire celle qui aurait pu partager sa vie. Chaque nouvelle des «Filles de feu» porte le nom d'une femme à la fois réelle et mythique. Le cadre de «Sylvie» est le Valois de son enfance. On y lit l'histoire du narrateur, à travers une quête de son passé, son temps perdu et on comprend pourquoi Proust y trouva source d'inspiration. Pourtant est-ce bien une autobiographie, on en doute tant les personnages, dans un mélange de bonheur simple idéalisé, se brouillent dans un passé/présent et renvoient définitivement le narrateur à sa solitude.
Angélique, a aussi pour cadre le Valois tandis que «Isis», «Octavie» «Corilla» se déroulent en Italie. «Jemmy» est une nouvelle drôle, insolite qui se démarque de cet ensemble où se mêlent nostalgie, rêverie, idée de mort et où transparaît la folie qui emportera l'auteur peu de temps après la parution de cet ouvrage.
En conclusion, pour un auteur qui a préféré rêver sa vie que vivre sa vie, préférons-lui ses poèmes plutôt que sa prose.
Passons des mots aux mets avec Jean-Claude alias Couribatt venu nous présenter son livre de 117 recettes de cuisine antillaise. Explications de recettes accompagnées de dégustations bien arrosées de punch comme il se doit.
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