Le lecteur est envoyé sur un texte vivant. Le bon accueil ne lui interdit pas un certain regard critique. Tous les chapitres le mènent dans un nouvel événement qui peut apparaître parfois comme construit (« téléphoné »). Les rapports entre personnages sont sinon répétitifs, inscrits sur une trame psychologique dessinée à gros traits.
Si l’histoire de l’Afghanistan apparaît en filigrane du roman, on peut regretter le peu de descriptions de Kaboul et donc une certaine difficulté de l’auteur à donner plus de relief à son histoire qu’il situe sur le seul plan humain : violence, amitié, fraternité et trahison/lâcheté.
On y vit aussi le thème du secret, de la culpabilité et de l’intériorisation du système de caste (Pachtoun versus Hazara) qui fonde les valeurs ancestrales de la société où la réputation des hommes (il y a peu de femmes dans l’histoire) justifie leurs attitudes et leurs relations.
Le cerf-volant est témoin de la violence et de l’espoir final.
La personnalité d’Amir, le contre-héros de ce roman est discuté. Il ne serait pas uniquement un lâche – cette lâcheté qui trouble le lecteur - voire un personnage cruel (il fait manger ses excréments à Assan, son ami-serviteur-Hazara qui – rebondissement – est son demi-frère).
L’auteur, Khaled Hoseini, a beaucoup voyagé (père diplomate) et s’est beaucoup investi dans l’aide aux réfugiés afghans. Il aborde donc, dans on texte, l’influence des Talibans, la guerre avec les Russes, la question du viol des jeunes pour terminer par un message d’espoir.
Ce texte construit (la construction apparaît plus marquée sur une seconde partie du roman plus surprenante) a apporté quelques critiques. D’aucuns n’y voient aucune émotion, une certaine platitude, dans le style (il s’agit d’une traduction) et l’exposition d’un faux suspens.
Un épisode est mis en avant : la question du dédommagement.
Concrètement, on voit Amir glisser une liasse d’argent sous l’oreiller
d’Amir.
Cet épisode rassemble tous les ingrédients de l’histoire
: enfant riche/enfant pauvre, culpabilité, influence d’une société traditionnelle
culturellement influencée par l’occident mais capable de s’opposer
aux discours des Imams et glissement du roman sur le thème de la morale
(faut-il se racheter ?).
En fait Amir n’est pas courageux, il enfreint les règles ancestrales de la société précisément en ayant peur ou en n’y allant pas. Il va se racheter en adoptant l’enfant de son demi-frère.
On peut dire finalement que ce roman multi facette pose un récit qui
se développe sur différents plans se complétant de manière
assez bien construits
<<< Séance précédente : «Le prince des marées»
Séance suivante >>> : «Le 4ème mur»