Après Sophocle, intéressons-nous à Euripide qui contrairement au premier ne condamne pas ses héroïnes. Dans la suite d’Œdipe Roi qui nous avait révélé le destin d’Œdipe, « Les Phéniciennes » nous relatent la poursuite de la malédiction des dieux sur les 2 fils de Jocaste : Etéocle et Polynice frères jumeaux à qui on confie le pouvoir alternativement. Mais Etéocle et son sens de l’honneur poussé à l’extrême lui fait refuser de céder son pouvoir et Thèbes est alors engagée dans une guerre sans merci qui laisse KO les deux héros. La tragédie se poursuit par la folie d’Antigone, qui passant outre les recommandations de son oncle Créon, tient à offrir des funérailles à son frère Polynice. Les dialogues des personnages sont clairs et limpides, ce sont plutôt les chœurs qui ont gêné notre rythme de lecture
Thème des Dieux et la force du destin et du code de l’honneur. «sautez les chœurs » aurait dû être la consigne de lecture, mais promis, Pierre, pour la prochaine séance, tout le monde aura fini les Phéniciennes.
Thème de l’honneur, fil commun avec le 2ème ouvrage de Sandor Maraï écrivain hongrois, méconnu et disparu à l’âge de 89 ans en Californie.
Avons-nous le même livre ? oui sûrement, en revanche la lecture en a été très différente d’un lecteur à l’autre. Thème banal pour les uns, poncifs, pour d’autres, ceux qui ont été pris par la force du dialogue ont goûté avec joie à ces joutes incisives. Etait-il important que ces deux vieux-là dans ce décor sinistre se retrouvent plus de 40 ans après s’être quitté et avoir vécu une profonde amitié ? mais qu’est-ce que l’amitié ? est-elle possible entre deux classes sociales différentes, la jalousie n’est pas très loin et son cortège de ressentiments, de haine. Est-ce réellement la présence de Christine que le général a épousé qui a ébranlé cette amitié, ou est-ce l’imagination paranoïaque du général qui a tout inventé ? Qu’importe, les deux personnages, sont face à face, l’un déverse son fiel tandis que l’autre esquive, relance parfois, s’indigne un peu mais jamais ne cède ou acquièsce aux propos de son vieil ami et chacun se sépare en étant sûr d’avoir gagné, quoi ?, on n’en sait rien. Au-delà de l’intrigue, fort banale, qu’on devine très vite, l’intérêt du livre réside dans ces échanges acérés, d’une époque révolue, une fin de siècle où le sens de l’honneur avait du sens, où s’offrir le « luxe » de passer sa vie ou perdre son temps à essayer de comprendre les méandres de la nature humaine pouvaient encore se concevoir.
Un psychanalyste actuel serait-il parvenu au même résultat ? Il semblerait que Sandor Maraï ait été un coutumier du genre, les retrouvailles à huis clos se retrouvant dans beaucoup de ses œuvres.
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