Hasard des lectures, « Le passeur de lumière » de Bernard Tirtiaux, écrivain maître-verrier belge a séduit plus qu’il n’a déplu mais précisons toutefois que ce fut surtout pour le thème. Si vous avez le Moyen Age en horreur, abstenez vous. En revanche, si vous voulez voyager dans le temps et l’espace, connaître les templiers autrement que par les récits purement historiques, savoir comment le religieux et la guerre étaient les activités essentielles qui régissaient les rapports entre les hommes à cette époque, découvrir l’art du vitrail, alors vous ne serez pas déçus. En parallèle aux pérégrinations d’une abbaye à une autre où le héros peaufine l’art du verre, se déroule une histoire romanesque qui a parfois agacé tout comme le style jugé amphigourique. Référence aux « piliers de la terre « sur la construction des cathédrales .
Nivard de Chassepierre, le héros marche sur les pas de son père avec son mentor et parcourt l’Europe, à travers l’Allemagne pour arriver jusqu’à Antioche. Quel feu intérieur animent tous ces aventuriers d’un autre temps, ivres de découvertes, de techniques artistiques et de culture orientale alors à son apogée. Est-ce la foi qui les guidait ?
Pour Nivard, la réponse est clairement non. Né rebelle, il franchit des épreuves initiatiques qui ne l’abattent jamais avec un ange gardien au-dessus de lui, il séduit les femmes et finit en apothéose après avoir découvert des couleurs sublimes qui laissent passer les lumières comme jamais personne ne l’a fait avant lui. Il peaufine sa technique du vitrail sans relâche pour ramener son savoir en France et satisfaire les désirs de ses promoteurs de cathédrales. L’auteur glisse des personnages réels en mêlant vérité historique et fiction, donnant envie d’en savoir plus sur cet art qui retrouve ses lettres de noblesse.
Qui a dit que l’imagination était la folle du logis ? Sainte Thérèse d’Avila. Rosa Montero, journaliste, écrivain a repris l’expression « La folle du logis » pour en faire le titre de son livre. Le livre parle de la genèse d’un roman, de la passion d’écrire, de la création d’une intrigue amoureuse. Livre jubilatoire pour qui aime les petits potins ou autres mesquineries de nos écrivains célèbres. Il démystifie certains écrivains tels que Goethe « mouchard de l’archiduc, courtisan et snob soucieux de son apparence » et égratigne Truman Capote. On y retrouve Arthur Rimbaud («Je est un autre», disait-il) qui a cessé d'écrire pour échapper à la folie et Robert Walser qui y a sombré.
Rythme échevelé qui a parfois gêné, pas vraiment de fil directeur mais des impressions sur la création littéraire « un roman construit, structure et met de l’ordre dans le chaos de la vie » selon Varga Llosa qui trouve grâce aux yeux de Rosa Montero tout comme Melville ou Philip Dick..
A recommander à ceux ou celles qui comme l’auteur sont nés
dans les années 50 et ont traversé la fin du siècle, connu
la libération de la femme, surtout dans l’Espagne franquiste.
A noter une même anecdote raconté trois fois avec des interprétations
différentes pour illustrer le cheminement de l’esprit dans l’écriture.
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