L’auteur Sebastian Barry est un écrivain irlandais contemporain
auteur de pièces de théâtre, de romans et de poèmes.
Bien que peu connu en France, il est reconnu comme l’un des écrivains
les plus importants d’Irlande.
L‘histoire de Roseanne Mac Nulty, centenaire irlandaise internée
dans un hôpital psychiatrique depuis plus de 60 ans (dont on découvre
le « testament caché » sous une latte de plancher de sa
chambre) est étroitement imbriquée dans l’Histoire de son
pays, profondément déchiré par la guerre d’indépendance
puis la guerre civile entre le nord et le sud.
Pendant toutes ces années d’internement Roseanne rassemble ses
souvenirs pour écrire l’histoire de sa vie :
- une enfance très proche de son père alors que les liens avec
sa mère dépressive sont pratiquement inexistants ;
- puis son mariage d’amour avec Tom malgré une belle famille catholique
qui la rejette au motif qu’elle est presbytérienne ;
- la disparition de l’enfant qu’elle a mis au monde dans des conditions
inhumaines et dont elle ignore tout ;
Les agissements d’un entourage néfaste notamment d’un prêtre
qui aura destinée tragique un rôle déterminant......
Son principal interlocuteur pendant son internement, le docteur Greene, essaie
de comprendre les raisons et les circonstances de son internement et décider
si Roseanne est apte à réintégrer la société ....
Ainsi, grâce à leurs rencontres régulières dans
la chambre de Roseanne et à leurs écrits respectifs, on découvre
progressivement la vie tragique de cette dernière qui a été comme
effacée progressivement du monde des vivants : mariage annulé,
isolée dans un cabanon pendant 8 ans, enlèvement de son unique
enfant, et pour finir internement en hôpital psychiatrique !
Elle griffonne sur ses notes « personne ne sait que j’ai une histoire ».Ce
roman apparaît avant tout comme un livre sur la mémoire et la
nécessité de transmettre.
Les avis du Cercle sur ce livre ont été unanimement positifs.
La lecture a été dans l’ensemble jugée agréable
malgré un style compliqué car l’auteur a cherché à traduire
l’expression hésitante de ses personnages : répétitions
de mots, digressions, sujets évoqués sans suite, pas de référence
chronologique ....
Comme beaucoup de membres du Cercle l’ont souligné ce drame montre, à travers
un destin individuel, les errances de l’Irlande de cette époque
qui a sacrifié de nombreuses vies pour parvenir à construire
son identité.
Le personnage de Roseanne force l’empathie par sa dignité, sa
clairvoyance et l’absence de haine (quand elle écrit son histoire)
envers ceux qui ont détruit sa vie. Elle est bien malgré elle
le témoin de la condition faite aux femmes de cette époque dans
un pays ultra catholique comme l’Irlande.
Certains ont fait un parallèle avec le film « Magdalena » qui
raconte la vie de jeunes filles enfermées dans des couvents pour conduite
incompatible avec la morale catholique de l’époque.....
Plusieurs membres du Cercle ont émis des réserves sur la fin
du roman qui révèle l’identité de l’enfant
de Roseanne, conclusion jugée artificielle et invraisemblable.
De même les introspections du docteur Greene sur les liens avec sa femme
sont apparues ennuyeuses et inutiles.