Grande majorité pour ce livre "Naissance d'un pont"
,
petite
minorité contre
avec
arguments
assez tranchés.
Le style tout d’abord : nous avons toutes et tous été éberlués. Surprenant, sidérant, épatant, génial, exceptionnel, à l’emporte-pièce, rapide, dynamique, vivant, bouillonnant, qui décontenance, accrocheur, rythmé, visuel, imagé, musical, dense, cru, épatant, expressif, riche, puissant, impressionniste, inventif, vraie poésie en prose (quasi déclamatoire et faisant penser au slam), côté kaléidoscope avec des séries de flash, voilà quelques uns des qualificatifs employés par les « pro » ou même les mitigés, mais les « anti » ont parlé de déroutant, « to much », phrases interminables, agaçant bien que riche et poétique, fabriqué, logorrhée, caricatural… Les noms de Dos Passos, Steinbeck pour le style, de Jack London pour les descriptions des travailleurs ont été évoqués.
L’histoire ensuite : certains n’ont vu qu’une suite de petites histoires non reliées entre elles avec des personnages qui ne communiquent pas et qu’on ne connait que par ce que les autres pensent d’eux ; d’autres se sont laissé emporter par la description de ce chantier gigantesque d’un pont suspendu au-dessus du fleuve qui encercle la ville imaginaire de Coca, les odeurs, la musique, les couleurs, les ambiances nocturnes, les petites touches, les boîtes de nuit, les trafics minables. La mégalomanie du maire, « Le Boa », semble la seule raison d’être de ce pont, car si certains ont vu le désenclavement de la ville pour faire gagner des jours par rapport au trafic par barges, la plupart n’ont vu qu’un prétexte à raconter la vie de tous ces gens qui viennent de partout, populations nomades allant chercher le travail là où il est, expatriés chics côtoyant les pauvres sans aucune existence sociale, portés par la mobilité et suivant les déplacements de l’argent. La métaphore de la mondialisation avec les inégalités extrêmes, la confrontation entre le passé - Indiens de la forêt, écologie, respect de la nature, et le futur a été soulignée.
La maîtrise technique de la part d’une auteure essentiellement littéraire a été remarquée, de même que sa capacité à retenir notre attention avec des détails bien documentés sans être ennuyeux - la vraie vie des grands chantiers de travaux publics avec les écolos qui imposent trois semaines d’arrêt pour la nidification des oiseaux migrateurs, l’humanité obligée du chef de chantier, les contrôleurs financiers du siège imperméables aux réalités du chantier.
Les personnages peuvent être attachants tels Diderot l’ingénieur en chef, préoccupé d’avoir été traité de salaud par Jacob, ou encore Katherine Thoreau consistante et humaine (certains ont eu du mal avec les noms des personnages…). D’autres personnages tels que Sanche Alfonse Cameron le petit grutier de Dunkerque, Summer Diamantis la responsable du béton, les Indiens peu sensibles au vertige, Soren Cry rattrapé par son crime passé, Jacob l’intello qui partage son temps entre Berkeley et la vie au milieu des Indiens, sont des prétextes à descriptions fouillées qui nous ont permis de découvrir des métiers peu connus de la plupart d’entre nous, en même temps qu’ils représentent des symboles puissants.
Bref, il restera un style qui donne vie au bouillonnement et à l’effervescence du chantier.
Plusieurs d’entre nous ont voulu découvrir son précédent livre « Corniche Kennedy », paru en 200,8 sur la description d’une bande d’adolescents qui friment en plongeant d’une corniche près de Marseille sous le regard d’un commissaire de police : même style personnel mais moins abouti.
Maylis de Kérangal nait en 1967 à Toulon dans une famille bretonne mais grandit au Havre, fille et petite-fille de capitaines. Quatre enfants, éditrice chez Gallimard, a étudié l’histoire, la philosophie, l’ethnologie et l’anthropologie sociale à Paris. A effectué deux longs séjours aux USA dans les années 90. Tout cela se ressent dans ses textes.
Le style tout d’abord : nous avons toutes et tous été éberlués. Surprenant, sidérant, épatant, génial, exceptionnel, à l’emporte-pièce, rapide, dynamique, vivant, bouillonnant, qui décontenance, accrocheur, rythmé, visuel, imagé, musical, dense, cru, épatant, expressif, riche, puissant, impressionniste, inventif, vraie poésie en prose (quasi déclamatoire et faisant penser au slam), côté kaléidoscope avec des séries de flash, voilà quelques uns des qualificatifs employés par les « pro » ou même les mitigés, mais les « anti » ont parlé de déroutant, « to much », phrases interminables, agaçant bien que riche et poétique, fabriqué, logorrhée, caricatural… Les noms de Dos Passos, Steinbeck pour le style, de Jack London pour les descriptions des travailleurs ont été évoqués.
L’histoire ensuite : certains n’ont vu qu’une suite de petites histoires non reliées entre elles avec des personnages qui ne communiquent pas et qu’on ne connait que par ce que les autres pensent d’eux ; d’autres se sont laissé emporter par la description de ce chantier gigantesque d’un pont suspendu au-dessus du fleuve qui encercle la ville imaginaire de Coca, les odeurs, la musique, les couleurs, les ambiances nocturnes, les petites touches, les boîtes de nuit, les trafics minables. La mégalomanie du maire, « Le Boa », semble la seule raison d’être de ce pont, car si certains ont vu le désenclavement de la ville pour faire gagner des jours par rapport au trafic par barges, la plupart n’ont vu qu’un prétexte à raconter la vie de tous ces gens qui viennent de partout, populations nomades allant chercher le travail là où il est, expatriés chics côtoyant les pauvres sans aucune existence sociale, portés par la mobilité et suivant les déplacements de l’argent. La métaphore de la mondialisation avec les inégalités extrêmes, la confrontation entre le passé - Indiens de la forêt, écologie, respect de la nature, et le futur a été soulignée.
La maîtrise technique de la part d’une auteure essentiellement littéraire a été remarquée, de même que sa capacité à retenir notre attention avec des détails bien documentés sans être ennuyeux - la vraie vie des grands chantiers de travaux publics avec les écolos qui imposent trois semaines d’arrêt pour la nidification des oiseaux migrateurs, l’humanité obligée du chef de chantier, les contrôleurs financiers du siège imperméables aux réalités du chantier.
Les personnages peuvent être attachants tels Diderot l’ingénieur en chef, préoccupé d’avoir été traité de salaud par Jacob, ou encore Katherine Thoreau consistante et humaine (certains ont eu du mal avec les noms des personnages…). D’autres personnages tels que Sanche Alfonse Cameron le petit grutier de Dunkerque, Summer Diamantis la responsable du béton, les Indiens peu sensibles au vertige, Soren Cry rattrapé par son crime passé, Jacob l’intello qui partage son temps entre Berkeley et la vie au milieu des Indiens, sont des prétextes à descriptions fouillées qui nous ont permis de découvrir des métiers peu connus de la plupart d’entre nous, en même temps qu’ils représentent des symboles puissants.
Bref, il restera un style qui donne vie au bouillonnement et à l’effervescence du chantier.
Plusieurs d’entre nous ont voulu découvrir son précédent livre « Corniche Kennedy », paru en 200,8 sur la description d’une bande d’adolescents qui friment en plongeant d’une corniche près de Marseille sous le regard d’un commissaire de police : même style personnel mais moins abouti.
Maylis de Kérangal nait en 1967 à Toulon dans une famille bretonne mais grandit au Havre, fille et petite-fille de capitaines. Quatre enfants, éditrice chez Gallimard, a étudié l’histoire, la philosophie, l’ethnologie et l’anthropologie sociale à Paris. A effectué deux longs séjours aux USA dans les années 90. Tout cela se ressent dans ses textes.
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