Tous les lecteurs du club ont apprécié ce livre, malgré quelques réserves émises par certains. Parmi les thèmes marquants les plus souvent cités : la vie des nomades tibétains si proches de la nature, dont la spiritualité imprègne une vie quotidienne très dure, et le temps qui s’étire presque à l’infini, comme l’espace environnant. Tous ont dit avoir été pris par ce récit, semblable à un conte : plusieurs d’entre nous ont considéré comme invraisemblables les hasards des rencontres avec Zhuoma, Tienanmen et l’ermite au bord du lac à la fin du livre.
Quant à la découverte du Tibet, elle reste partielle, car il s’agit de la vie des nomades dans les montagnes du nord, très différente de celle des villes. Pour preuve, ils restent à l’écart des événements de leur pays et des immenses bouleversements survenus en Chine pendant cette période d’une trentaine d’années. Plusieurs lecteurs auraient aimé que le livre apporte plus de détails sur la culture tibétaine en général ou sur la vie de Wen à son retour en Chine.
Autre thème fréquemment évoqué : les relations sino-tibétaines, centrales dans le roman où une chinoise apprend à découvrir une culture et des coutumes très différentes de celles qu’elle a connues dans son pays. Lorsqu’elle retourne en Chine, elle est perdue, tous ses repères ont disparu et elle continue à vivre « à la tibétaine », le matérialisme ambiant ne l’intéresse plus.
Et bien sûr, tous ont été frappés par l’amour passionné de Wen pour un mari dont elle n’a été l’épouse que quelques mois. Elle consacre sa vie à rechercher les traces de ses pas, avec une grande abnégation et un courage admirable. Les personnages des deux femmes, Zhuoma la tibétaine, et Wen la chinoise, très originaux et attachants, ont d’ailleurs séduit les lecteurs.
Un débat a suivi sur la vision qui se détache du livre, que l’un d’entre nous a trouvé favorable aux chinois, comme le laisse entendre la post-face de Levenson. Il est vrai que leurs exactions à l’encontre des tibétains sont peu évoquées. Et l’auteur insiste sur les mœurs tibétaines, notamment la mise en pâture aux vautours des morts, difficile à comprendre pour nous (et pour les chinois). C’est là aussi l’occasion de vanter l’héroïsme du soldat chinois, mari de Wen, qui se tue pour que son corps puisse, lui aussi, nourrir les vautours. Il se sacrifie pour calmer la colère des tibétains à l’encontre des chinois, qui ont sauvé un homme (l’ermite) délivré aux vautours par erreur, car il n’était pas tout à fait mort. Mais la plupart n’ont pas relevé cet aspect, ont préféré se laisser porter par le récit et considéré que « Il s’agit un livre qui traite des deux civilisations, celle de la Chine et celle du Tibet » sans parti-pris particulier.
Pour ceux auxquels ce roman a donné envie d’en savoir plus sur
la culture tibétaine, Jean-Pierre a suggéré deux livres
:
«
Sept ans d’aventures au Tibet » de Heinrich Harrer, un alpiniste
allemand qui reste au Tibet au moment de l’éclatement de la 2ème
guerre mondiale, proche du jeune dalaï lama - Artaud 1953
«
Tibet secret » de Fosco Maraini. 1957
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