Propos très contrastés et controversés pour « Dalva » roman
fleuve des années 80. Jim Harrison démarre avec « Dalva » une saga
familiale qui se passe dans le Nebraska, sur plusieurs générations.
Le roman se poursuit dans "La route du retour". Comme dans beaucoup
de familles, on se déchire, on se passionne, on se retrouve et on garde
ses secrets. Dalva est une jeune femme au 1/8 de sang sioux, et héritière
symbolique de son grand-père qui créa avec beaucoup de réussite
une ferme modèle. Dalva a tour à tour perdu ses repères
masculins, son père d’abord, trop tôt disparu, son amant,
un jeune indien métis avec qui elle eut un fils qu’on lui arracha à la
naissance. Pas de quoi la rendre gaie et folle de joie, et pourtant émane
d’elle une énergie formidable, une soif de vivre; quand le spleen
la surprend, elle enfourche son cheval et part galoper dans ces immenses terres,
sauvages, habitées de serpents et de coyotes. Femme libre, libérée,
elle assume tous ses actes aux côtés de sa mère (personnage attachant) et de
sa soeur. Au cours de son existence, se côtoient
alcool, sexe, bouffe et violence qui ont dérangé certains
d’entre nous. La mort aussi rôde, les ancêtres disparus sont
présents en toile de fond, l’ombre de Rachel plane, femme aimée
par Paul, l’oncle et le père de Dalva.
«
J’étais trop impulsive et uniquement préoccupée
du présent, moyennant quoi, je me désintéressais de toute
stratégie globale »
Le ton est donné, Dalva ne fait pas de plans et vit une histoire avec
Mickaël, faire valoir à l’histoire. Mickaël est universitaire,
véreux, déjanté, obsédé sexuel
et se passionne pour les origines et la destinée de Dalva dont
il veut retrouver les racines et comprendre les zones d'ombre.
Son personnage n’a laissé personne indifférent, il fut
tour à tour jugé génial et minable, drôle pour certains,
inutile pour le roman pour d’autres. Il est le seul à ne pas avoir
ni d’origine indienne, ni d’origine étrangère connue, à l’Amérique.
L’auteur, lui-même ancien universitaire, reconverti écrivain
retiré dans ses terres s’est sans nul doute amusé à camper
ce personnage décalé.
Jim Harrison raconte une Amérique un peu méconnue, celle des
grands espaces, du passage de l’agriculture extensive à l’agriculture
intensive sans oublier les grands maux de leur Histoire tels que la guerre
du Viet nam et chaque mot semble un hymne à la vie et à l’amour.
Se dégagent de ce roman, un souffle, un esprit pionnier, sur cette histoire
du peuple sioux décimé (pas assez développé selon
certains), et cette volonté de vivre malgré tous les aléas
et blessures qui n’ont pas échappé à la plupart
d’entre nous.
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