Les membres du CERCLE qui avaient lu et adoré « Mémoires
d’Hadrien » dès sa sortie dans les années 80, voulaient
le relire et vérifier s’ils retrouvaient leur enthousiasme de
lecture. Pour les autres, ce fut une découverte de ce roman-culte des
années 70 écrit par une franco-belge, 1ère femme à entrer
sous la Coupole, surnommée la « Grande Marguerite » par
l’une d’entre nous, par opposition à une autre non moins
célèbre Marguerite mais plus controversée.
Objectif atteint : ce roman reste pour les membres du Cercle à peu d’exceptions
un roman de référence (aspect historique, écriture) :
Mémoires d’Hadrien ou la solitude d’un homme.
Quand Marguerite Yourcenar a entrepris « Mémoires d’Hadrien »,
elle n’a pas choisi n’importe quel personnage. Bâtisseur,
helléniste, grand stratège, pacificateur, Hadrien fut empereur
romain de 118 à 138 et succéda à Trajan, empereur conquérant
qui laissa un territoire surdimensionné. Hadrien gouverna un empire
qui s’étendait de l’actuelle Europe au Moyen Orient et à l’Afrique
du Nord. Il en consolida les frontières, réprima des révoltes,
rétablit la paix, et stabilisa le territoire.
Oeuvre d’une vie pour Marguerite Yourcenar qui lança son projet
dans les années 30 et passa 20 ans à rassembler, disperser puis
retrouver les notes avant d’éediter son livre. «En tout
cas, j'étais trop jeune. Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant
d'avoir dépassé quarante ans. On risque, avant cet âge,
de méconnaître l'existence des grandes frontières naturelles
qui séparent, de personne à personne, de siècle à siècle,
l'infinie variété des êtres, ou au contraire d'attacher
trop d'importance aux simples divisions administratives, aux bureaux de douane
ou aux guérites des postes armés. Il m'a fallu ces années
pour apprendre à calculer exactement les distances entre l'empereur
et moi."(M. Yourcenar - Carnet de notes de "Mémoires d'Hadrien")
On retrouve ici le souci d’exigence de l’auteur (dans le style
extrêmement travaillé , l’érudition affichées,
l’amour de la culture hellénique. Beaucoup de points communs entre
l’empereur et l’auteur d’où cette constante interrogation
pour nous lecteurs : quelle part attribuer à l’auteur et quelle
part de vérité historique d’autant que Hadrien a incontestablement
marqué son époque mais laissé peu d’écrits
de sa main le concernant.; l’écrivain s’identifie à cet
empereur et partage le goût des voyages pour fuir la routine, la culture
gréco-romaine, l’ ambiguïté des sentiments envers
hommes et femmes.
Le roman, commence comme un mémoire de vie, l’empereur est malade
et se sait condamné, il a nommé son successeur (Marc Antoine)
et lui adresse ses souvenirs (verite d'une pensee qui se tend quand le corps
souffre). Marguerite Yourcenar a réussi incontestablement à se
glisser dans la peau de son personnage. Edité en 51 à l’ère
du nouveau roman, ce roman détone, par le style du « je « à la
place de l’empereur. Intemporel plus que moderne sa vision sur le monde,
le pouvoir, les étapes de la vie ne sont pas caractéristiques
d’une époque. « Tolérance adogmatisme, recherche
de la paix, ces qualités me convenaient ». Ce roman reste une
fiction : ambivalence d’Hadrien cynique à l’extrême
dans sa stratégie de conquête du pouvoir (très moderne)
et de rétablissement du calme dans les régions et en même
temps il était réellement tolérant des religions des autres
peuples par souci de paix. Ce livre donne l’envie d’approfondir
les recherches historiques d’une époque finalement méconnue
par bien des aspects. Il donne aussi un certain nombre de clés pour
expliquer la position de l’empereur vis à vis des Chrétiens
et des juifs.
Parmi les remarques plus critiques, notons, l’aspect distancié vis à vis
des personnages ex : cet enfant en parlant d’Antinous, style pas naturel,
trop ciselé, monocorde et intellectuel, froid, sans aucune compassion
ou un attrait vers la femme-écrivain plus que par son œuvre.
L’intervention de la sœur de Jeanne spécialiste hélléniste,
nous a éclairé sur bien des points et notamment sur la création
de la ville Antenoupolis, dictée par des principes d’autodéfense
dans le Moyen Egypte où n’existait aucune cité grecque
plus que par un culte porté au jeune homme.
Pour terminer cette note issue du journal »le Monde » relatant
l’exposition au British Museum qui est consacrée à l’œuvre
d’Hadrien « C'est l'histoire d'u jeune chef d'une grande puissance,
dont la première décision est de se retirer de l'Irak où son
armée s'est enlisée dans les conflits, Obama ? non Hadrien empereur
en exercice de 117 à 138"
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