Malgré les inquiétudes de Jean-Pierre qui nous avait conseillé le livre il y eut beaucoup de commentaires lors de la séance du CERCLE. Après la philosophie, la religion, c'est l'histoire des mathématiques qui nous est proposée dans « Le théorème du perroquet » sur un mode qui a fait le succès du « Monde de Sophie » et du « Voyage de Théo ». Denis Guedj , l'auteur , sous prétexte d'une intrigue policière nous fait pénétrer dans l'univers des mathématiques et nous fait voyager dans le temps et l'espace en compagnie de héros qui ont bâti , construit et découvert les principes mathématiques : Thalès, philosophe comme Pascal, Pythagore ou Euclide et Archimède, Euler, Toricelli, pour ne citer que les plus connus . L'intrigue n'est là que pour donner vie à cette image abstraite des mathématiques et permettre au lecteur de souffler un peu entre deux explications. Les propos sont souvent illustrés : ne trouve t-on pas d'ailleurs une recette de cuisine (encore une) de l'osso buco, la mesure de la hauteur des pyramides ou encore l'explication ludique de la façade de l'IMA ?
L'auteur a tenté de conjuguer plaisir de lire et plaisir d'apprendre : une famille à la Pennac composée d'enfants qui cherchent les réponses des intrigues policières ce qui n'est pas sans nous rappeler le Club des 5 de notre enfance, de Perrete la mère, un perroquet savant Nofutur et un « vieux sage » P.Ruche, ancien libraire et philosophe tous habitant la butte Montmartre au lieu dit « Les mille feuilles » tout un programme. Peu avant sa disparition, Grosrouvre, mathématicien établi en Amazonie écrit une lettre (un des meilleurs passages du livre) à son ami et condisciple P.Ruche. Il prétend avoir trouvé les conjectures de Fermat et Goldbach réputées insolubles. Point de départ de l'enquête. Malgré certains passages drôles et les réparties des enfants qui contestent l'enseignement de leurs professeurs, ce livre ne s'inscrit pas dans la liste des livres inoubliables. Cependant, l'intérêt du livre réside ailleurs, dans le déroulement de 25 siècles d'élaboration, d'enrichissement de théories mathématiques jamais dûes au hasard. Si la démonstration est née en Grèce pays de la démocratie et de la réhétorique, c'est qu'une démonstration ne doit pas laisser de doute. Nous découvrons que les mathématiciens avaient plusieurs cordes à leur arc, que les indiens ont inventé les chiffres et le zéro et non les arabes ...
Pourquoi , alors que certains d'entre nous s'extasiaient sur la découverte ou redécouverte de certaines notions, d'autres ont cru bon d'ajouter « que l'on peut vivre sans les mathématiques ». Sans doute parce que la connaissance des mathématiques relève plus d'un besoin intellectuel que matériel, que les mathématiques en France ne sont pas considérées comme faisant partie de la culture. Les mathématiques ont rejoint la philosophie dans les interrogations sur l'irréfutabilité et l'universalité , ou la recherche de la vérité , de l'harmonie du monde .
En conclusion , ce fut tout l'art de l'auteur de rapprocher ces deux mondes : les mathématiques et la littérature , rendant ainsi accessible à des littéraires , l'histoire des sciences.
Sur un tout autre plan , je signale la lecture d'un très beau texte , sobre « Le petit moi » de Mathieu Belozi et également le « Maitre des paons » de J.P Milavinoff (Prix des lycéens 97)
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