Séance particulièrement animée qui a rappelé les débats autour de « Pourquoi les hommes … et les femmes ….. ? ». En effet, y aurait-il une littérature destinée aux femmes et une littérature destinée aux hommes ?
A de rares exceptions « Impasse des deux palais » de Naguib Mahfouz a davantage plu à celles d'entre nous qui le découvraient plutôt qu'aux hommes à qui, les 550 pages ont paru une torture, pour la plupart d'entre eux. Ce fut intéressant de voir aussi que celles d'entre nous qui relisaient ce texte longtemps après sa parution, texte qui leur avait paru superbe en première lecture, ont été moins enthousiastes avec ici aussi quelques nuances.
Impasse des deux palais est le premier tome d'une trilogie au style très classique qui peut paraître lent, lourd pour qui aime les romans d'action. L'auteur, qui a obtenu le Prix Nobel en 1988, a eu le mérite d'être parmi les premiers écrivains de langue arabe à oser parler de la société égypto-musulmane du début du XX éme siècle, des rapports hommes/femmes de l'époque, de ces univers clos et intimes.
Nuances aussi autour des personnages de cette saga d'une famille égyptienne
dans les années 1920 dirigée par un personnage à multiple
facettes, attachant pour certains, tyran despote pour d'autres, psycho-rigide,
n'agissant qu'au nom de Dieu quand il s'agit de régner
en maître au sein de sa maisonnée, et qui devient poète,
chanteur, et libertin à l'extérieur. La référence à Dieu
est permanente dans cette société figée qui se fissure.
Ahmed voudrait que rien ne change, alors que les manifestations pour l'indépendance
auxquelles assiste Fahmi, le fils idéologue, grondent dans les rues.
Kamal, le dernier fils, le griot de la famille, toujours à l'affût
des nouvelles, nous permet de découvrir les moindres parcelles de vie
intime, les querelles de ses sœurs et la soumission bien vécue
de sa mère.
Différence de traitement entre les filles et les garçons qui
eux seuls ont droit à l'instruction, quant aux filles, leur seule
obsession est de se marier, leur seule connaissance de la vie extérieure étant
ce qu'elles aperçoivent à travers le moucharabieh.
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