Anna Gavalda, un nom qui ne s'invente pas avec autant de 'a'. Ecrivain de “ haute couture ” comme aime à la définir son éditeur qui d'ailleurs reprend ce qualificatif à son compte pour se définir, Anna Gavalda a réussi ce tour de force de faire de son premier livre un succès avec un genre peu prisé en France : un recueil de nouvelles.
Véritablement plébiscité par ses lecteurs, quel en est le contenu ? des nouvelles de Monsieur et Madame Tout le Monde, des nouvelles que l'on oublie dès qu'on les a lues mais qui nous ont procuré beaucoup de plaisir à leur lecture. Dire que ce livre a fait l'unanimité serait excessif, la plupart d'entre nous reconnaissant avoir passé un moment agréable, mais n’ayant gardé qu'un vague souvenir de tous ces personnages passés au crible : un représentant, une femme gravement malade, deux jeunes gens de milieux sociaux différents, une étudiante de banlieue, une femme enceinte…Rien que de très banal.
Anna Gavalda dit d'elle -même que son moi ne l'intéresse pas mais qu'elle s'intéresse avant tout aux autres et qu 'en écrivant elle pense à ses lecteurs. Elle se glisse très facilement dans la peau de personnages qu'elle croise dans la rue, elle les dépeint en peu de mots dans un style dépouillé "le juste nécessaire", à la limite du style journalistique, ce qui peut déranger les adeptes du beau style et si elle se montre souvent sarcastique ou grave, ce n’est jamais violent. Elle excelle surtout dans l'art de la chute, elle laisse ses personnages en suspens, laissant libre cours à notre imaginaire. Le titre n'est -il pas "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", bien choisi car si l'auteur se défend d'avoir un thème commun tout au long des pages, on retrouve partout l’attente ou encore l'amour qu'elle porte à ses héros de quelques pages.Un souffle léger bien agréable et qui change des romans-thérapies qui encombrent les étalages de nos libraires.
La présence de l'éditeur lors de cette séance nous a éclairé sur cette mystérieuse alchimie qui a joué pour le succès. Le Dilettante ne publie qu'une dizaine de textes par an, choisit avec soin ses futurs poulains, c'est un découvreur de talents. Par la suite, ces derniers jouent parfois les infidèles, attirés par les sirènes des grosses maisons d’édition.
Anna Gavalda reste fidèle à ceux qui ont cru en elle et pour l'instant
a choisi de jouer la princesse d'un petit royaume plutôt qu'une dame de
compagnie d'une grande cour. Ces propos nous la rendent éminemment
sympathique.
Adresse Le Dilettante : 9-11 Rue du Champ de l'alouette Paris 13ème
: librairie avec livres d'occasion.
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