Séance du CERCLE. pour la 4ème année, le club lecture s'ancre dans la durée, à nous d'en assurer un intérêt sans cesse renouvelé et de continuer à alimenter les débats et les discussions. Pas de crainte à ce niveau pour cette réunion digne des rentrées de classe un peu chahuteuse, les œuvres choisies étant de qualité, les opinions étant différentes chacun a su et pu argumenter et défendre son point de vue.
A commencer par "les Envoûtés" de Witold Gombrowicz qui loin de nous envoûter n'est pas le meilleur de l'auteur dont on recommandera plutôt Ferdyduke. De l'avis général la chute est en décalage avec le reste du roman construit à la manière des feuilletons anglais par épisode d'inégale intensité et montée dramatique. Pourtant pas mal d'ingrédients, un château hanté, un vieux professeur avide d'énigmes, un duo fille/garçon réunis par une énergie commune, un suspens et pour finir un mage qui démontera les ficelles de l'envoûtement de manière tout à fait rationnelle.
"Le rivage des Syrtes" de Julien Gracq
Passé les premières pages qui dressent un décor de fin de
règne dans une contrée imaginaire, d ‘ennui et de solitude,de vie au ralenti dans des décors hors du temps qui ne sont pas sans
rappeler certaines scènes de film de Marguerite Duras, il se passe des
choses étranges entre deux états ennemis depuis des siècles, les personnages sont aussi irréels, Vanessa a tout d'une héroïne
grecque. Aldo, personnage central, décide d'aller s'isoler
loin du gouvernement d' Orsenna, dans une ville de bord de mer face à l'ennemi
héréditaire. Il y a une lente montée dans l'intensité dramatique
qui conduira à une issue fatale et inéluctable. Le débat
a tourné sur les causes du conflit en tant que phénomène
de paranoïa collective et incontrôlable. Cette histoire au charme
indéfinissable laisse une impression de trouble comme les bancs de sable
mouvants qui désignent un coin de Lybie appelé Syrtes.
Lecture recommandée en décor naturel et en parfaite disponibilité de
l'esprit sinon rejet assuré.
"Tribunal d'honneur" de Dominique Fernandez présente toutes les caractéristiques du roman russe des grands auteurs du XIXème. Tchaïkowski est-il réellement mort du choléra ? C'est la thèse officielle mais contestée et le prétexte pour l' auteur pour exposer ses thèses sur l'art et l'artiste l'artiste maudit fait partie de la tradition.
Le roman se déroule à la manière d'un récit de procès : un rapporteur témoin des faits, en l'occurrence, un ingénieur français d'origine russe se trouve à Saint Petersbourg et assiste à la lente descente aux enfers de Tchaïkowski coupable d ‘homosexualité pouvant porter atteinte à l'autorité et la réputation du tsar et jugé par un tribunal monté à la hâte.
Mais le livre recèle aussi de multiples facettes et il séduira les amateurs d'architecture, de musique, d'études de moeurs, de portraits psychologiques, de thèses politiques, de Russie de fin XIXème, ou tout simplement ceux qui aiment le suspens maintenu tout le long du livre quant à l'issue finale. Roman, plus que témoignage historique, l' auteur montre une fois de plus son talent d'érudition dans tous les moindres détails, il a délaissé l'Italie baroque pour nous peindre la société russe.
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