« Meaume leur dit : Je suis né en 1617 à Paris... A Bruges, j'aimais une femme (dont la beauté le laisse désert) et mon visage fut brûlé... J'ai caché un visage hideux... les hommes désespérés vivent dans les angles.. »
Dès les premières lignes, tout est dit sur l'intrigue de « Terrasse à Rome » comme si Pascal Quignard s'en détournait rapidement pour se concentrer sur l'écriture, pour ciseler ses phrases à la manière du graveur dont il nous révèle la technique fidèle à son sens de l'érudition. L'histoire lui sert de prétexte et tout en nous livrant des fragments de vie décousus à l'image de l'errance de Meaume. L'auteur s'attarde à décrire la recherche de ce qui est perdu. Parallèle entre le graveur grave, aux circonstances aggravantes (visage caché et amour perdu), voué au noir et blanc, spécialiste des ombres. La narration vise d'autres ombres, cette « nuit irrésistible au fond de l'homme » qu'est le souvenir.
Large éventail d'opinions et réactions extrêmes pour ce livre et qui vont de l'emballement « extase, ton poétique, précioseté du style » au rejet « érudition pour l'érudition. Quignard qui nous prend pour des ignares ou encore nous plonge dans l'ambivalence beauté de l'histoire mais histoire déconcertante ». On se laisse bercer par la musique des mots ou on délaisse.
Plus intimsite, très personnel avec un titre accrocheur « Chaque jour est un adieu » Alain Rémond, rédacteur en chef de la rubrique Mon oeil à télérama, nous offre un petit récit émouvant, en tirant un trait sur une temps révolu: enfance dans une famille nombreuse en Bretagne dans les années 50.
Sorte de livre-miroir qui renvoie à nos propres souvenirs d'enfance. Pas de misérabilisme, plutôt une certaine gaieté, avec le sentiment que, enfant, on songe avant tout aux menus plaisirs quotidiens et que le temps des soucis ou des malheurs viendra assez tôt. Deux parties, la première s'achève sur le constat de désamour et de séparation des parents, la seconde est plus décousue comme si l'auteur voulait en finir au plus vite et tourner enfin la page à cette autoanalyse. Encore un livre -thérapie ?
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