Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur, To
Kill a Mockingbird (V.O) de Nell
Harper
Lee, paru en 1960 mais écrit en 1937, prix Pulitzer en
1961, porté à l’écran
l’année suivante, avec Gregory Peck dans le rôle du héros, Atticus Finch,
pour lequel il reçut un Oscar d’interprétation,
est considéré comme un des plus grands succès de librairie
de la littérature américaine.
La narratrice, dans le livre, est une petite fille qui a six ans au début
du livre et neuf à la fin. Elle dépeint la situation des relations
d’une des branches d’une vieille famille de l’Alabama, les
Finch, avec le reste de la communauté d’une petite ville, au moment
où son père, Atticus, est commis d’office comme avocat d’un
noir accusé d’avoir violé une jeune fille de race blanche,
appartenant à une famille très pauvre et aux mœurs douteuses.
Atticus Finch est alors membre de la chambre des députés de l’Alabama.
Veuf, il veille sur ses deux enfants (dont la narratrice, Jean Louise
dite Scout)avec
l’aide d’une domestique à tout faire, noire, Calpurnia. Tous
les deux cherchent à inculquer aux enfants à la fois la tolérance
envers autrui et la rigueur morale.
Le roman est construit comme un entonnoir : au début l’auteur nous
conte les différents personnages avec lesquels Scout va entrer en relation
: le noyau domestique proche avec son frère Jem, son père et la
Calpurnia , puis des parents plus lointains, oncle, tante et cousin et les différents
voisins de leur maison. Dont un garçon, Dill et un adulte, Boo qui auront
un rôle à jouer dans le roman, et dans la vie de l’auteur
puisque Dill serait son ami Truman Capote et Boo un ami intime.
Le roman ensuite se décante, pour davantage se centrer sur le noyau domestique
et sur le procès. Atticus le perdra, mais après avoir prouvé que
l’auteur du viol n’est autre que le père de l’accusatrice,
que c’est cette dernière qui est coupable d’avoir essayé,
contre la loi de l’Alabama, de séduire l’accusé. Atticus
réussira cependant un record de durée de discussion du jury pour
un procès de ce type.
Dès le début du roman, Atticus est accusé d’être
un « ami des noirs » pour ne pas avoir refusé de défendre
le soupçonné violeur. Des pressions de toutes parts s’exercent
sur lui. Il sait que sa plaidoirie ne servira à rien, mais il estime ne
pas pouvoir se dérober par devoir moral. Le père de l’accusatrice,
Tom Ewell s’avère être un assassin en puissance, cassant le
bras de Jem, le frère de Scout et ayant failli tuer celle-ci.
Le cercle de lecture a, dans l’ensemble, beaucoup aimé ce livre.
Mais il se partage entre une forte minorité qui y est entré de
plein pied, et une petite majorité déroutée par les débuts
du livre, avec l’apparition de Dill, l’expédition chez Boo
et la présentation des voisines et des parents de la narratrice. Cependant
tous ont été frappés par l’art de Harper Lee pour
créer des ambiances et mettre en scène des moments dramatiques
et émouvants. La figure d’Atticus Finch nous a tous frappés,
comme une ode de pitié filiale que l’auteure offre à son
propre père, Asa Lee, qui en serait le modèle.
Mais de ces pages, ressortent un crédo humaniste et universel, condamnant
mais expliquant les préjugés de ces sociétés ségrégationnistes,
où les dominants, forts de l’avantage que leur confère leur
position, essaient inconsciemment, par le mépris, de creuser encore plus
le fossé qui les séparent des dominés.
Une discussion est née sur les racines chrétiennes de ces deux
attitudes symétriques, sans véritable conclusion.
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