Littérature russe avec le choix de deux grands classiques : Pouchkine et Tchekov.
Poète, essayiste, noveliste parfois philosophe, Pouchkine est une référence de la littérature russe et il a inspiré nombre écrivains et compositeurs. Courte nouvelle « La dame de pique » exprime en quelques pages tant de sujets que chacun d'entre nous l'a lu sous un angle différent. Globalement plutôt apprécié, étonnant comme un texte si court et si concis a inspiré autant de perceptions avec deux thèmes majeurs admis par tous : le jeu et la vengeance.
Pouchkine s'est inspiré d'un fait réel et autour du jeu de pharaon, il a brodé une sorte de conte mettant en scène un jeune allemand Hermann froid, calculateur, cupide et une comtesse diabolique détentrice d'un secret de jeu si jalousement gardé qu'elle en mourra sous la menace du pistolet de Hermann. Parallèle entre le jeu du pharaon (pur jeu de hasard) auquel se livrent les russes (amateurs de roulette) et l'intrigue que monte Hermann pour tenter de découvrir le secret de la veuve. Parallèle encore entre la dame de pique et la vieille comtesse, dans la cartomancie la dame de pique représente une femme âgée souvent veuve et souvent maléfique. Langue au style épuré, les vers et la prose de Pouchkine restent pour les russes l'idéal de force et de valeur artistique
« A Moscou, à Moscou » cri du cœur lancé comme on jette une bouteille à la mer, en désespoir, les trois sœurs de Tchekov désirent se rendre à Moscou, présentée comme une planche de salut dans la vie morne d'une petite ville provinciale égayée seulement par la présence de militaires. Il y a cent ans, (en 1901) au cours des dernières années de sa vie, Tchekov écrivait « Les trois sœurs » comme une métaphore de ce qui secouait la Russie et le Monde.
Pièce sans histoire et sans héros. L'action se déroule
sur plusieurs années, Tchekov rassemble là ses thèmes
favoris sur la difficile accession de l'homme au bonheur « Dans
la vie, il n'y a pas d'effets, ni de sujets bien tranchés; tout y est
mêlé, le profond et le mesquin, le tragique et le
ridicule » disait-il à Sourovine.
Est- ce le petit fils de serf ou sa double vocation médecin/écrivain,
qui lui donnent l'occasion de voir la société par le bas
lui fait tenir ces propos ?
Ses personnages semblent attendre, quoi, on ne sait pas ou plutôt si, « aller à Moscou », répètent les trois sœurs comme un refrain-obsessionnel, aller à Moscou pour y travailler, Moscou porteuse d'espoir pour une Histoire en marche, Moscou symbole de fuite de la réalité insupportable.
Préfigure t-il le théâtre de l'absurde, certains de ses personnages y tiennent des propos hors sujet et inconséquents. Tchekov réussit ce tour de force de faire d'un fait banal le socle d'une réflexion profonde. Avis partagés sur son théâtre, certains le jugeant trop noir à opposer à ceux qui se sont enthousiasmés à le découvrir ou le redécouvrir.
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