Pour la plupart d’entre nous, vu notre âge, ce livre a remis en mémoire une période que nous avons traversée. L’évocation de ces années a paru très juste, qu’il s’agisse du modernisme représenté par le magasin d’électro ménager du père de Michel , du mode de vie d’une famille traditionnelle banale, de l’ambiance générale (films, livres), de la vie du quartier latin.
Ce livre entremêle deux « chroniques », celle du roman initiatique, qui voit le jeune Michel adolescent grandir, et la chronique sociale de l’époque. La guerre d’Algérie en fond de décor et la présence de réfugiés politiques originaires du bloc soviétique qui se retrouvent au café le Balto pour jouer aux échecs et discuter.
Tout le monde a apprécié le caractère documenté et les détails qui permettent d’échapper aux discours au profit de la présentation de personnages incarnés. On apprend beaucoup de choses, ou on s’en rappelle. L’humour est présent aussi, on rappelle les blagues les plus drôles.
Pourtant pour certains, les protagonistes n’ont pas de visages, car il n’y a pas de description « physique » des personnes, ce qui peut entraîner un certain brouillage, s’agissant des réfugiés. On peut dire qu’ils sont à la fois des traîtres (malgré eux) et des héros qui ont eu le réflexe de survie. Optimistes par nécessité.
Mais même les personnages secondaires sont intéressants, (le
flic, le patron du balto, la parentèle de Michel). Le livre est très
riche. La question est posée du message du livre. Certains trouvent
qu’il n’y en a pas, ou de très divers. D’autres que
le livre tourne autour de la trahison, de la croyance, des désillusions.
Le livre commence et finit par un enterrement et se définit comme une « petite
histoire dans la grande ».
Certains (moi) ont regretté que la guerre d’Algérie soit
si peu présente dans le décor de Michel alors qu’elle l’est
fortement pour les lycéens de cette époque, surtout à Paris.
Elle est ici renvoyée à ce qui arrive aux aînés
: Pierre et Franck. En raison du jeune âge de Michel ? (et note de Maryse,
l’auteur n’arrive en France qu’après 62 ?)
D’autres évènements ne semblent pas avoir eu d’écho,
Budapest, Suez,qui dans ces années ont pourtant été marquants.
Ce livre, qui campe le jeune Michel comme témoin, offre une lecture
subjective de la mémoire, ce qui permet de le lire plus facilement.
Certains ont été plus intéressés par la chronique
familiale, ou sentimentale, (Cécile ayant plus de consistance que camille)
d’autres par l’histoire des réfugiés joueurs d’échec.
C’est finalement un livre plus sociologique que politique.
Dans les deux cas : une leçon de vie.
L’auteur a mis 6 ans à écrire ce livre, il paraît
que le suivant "La vie rêvée d’Ernesto G" est
très beau et reprend le parcours de Pavel.
Pour conclure, bon choix de ce livre pour le club des incorrigibles
lecteurs et discuteurs que nous sommes.
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