Discussion très animée autour de ce livre, intéressant pour
les uns, nul pour d’autres, voire qui n’avait pas sa place dans un
cercle tel que le nôtre. Et d’abord, est-ce un roman ? un essai ?
un rien du tout ? un ovni, écrira Maryse. Reportez-vous aux remerciements
en fin de livre et vous lirez « curieux mélange de fiction, de psychobiographie
et de pédagogie psychothérapeutique »…
La trame tout d’abord : un psy, Julius, apprend soudainement qu’il va bientôt mourir et veut mener à bien la thérapie de son groupe. Il recontacte un ancien patient assez détestable de prime abord, Philip, histoire de savoir ce qu’il est devenu et de comprendre les raisons de son plus cuisant échec professionnel. Un pacte passé entre eux deux constitue le point de départ d’une succession de scènes relatant l’avancée du groupe de psy dans lequel s’insère Philip, avec des séquences ayant trait à la vie et à l’œuvre de Schopenhauer, philosophe misanthrope, asocial coupé de la vie et imbu de lui-même - qui n’aurait rien inventé, voir Epictète et les stoïciens... Le tout entrecoupé par le récit du voyage d’une des patientes du groupe à la recherche d’elle-même dans un ashram en Inde – Goenka « épicentre mondial de l’apaisement de l’âme » (épisode fort peu crédible et même ridicule selon notre spécialiste ès Inde), et par les histoires de vie des divers protagonistes du groupe, leurs amours et désamours, leurs névroses, leurs addictions, leurs secrets bien gardés.
Ceux qui ont aimé ont mentionné l’intérêt qu’ils ont pris à découvrir une technique telle que la psychothérapie de groupe, ainsi que les théories philosophiques de Schopenhauer et sa biographie – ses rapports avec sa mère en particulier, sujets sur lesquels ils n’auraient pas été curieux d’aller se renseigner sinon, bref un peu de culture générale niveau bac philo et plus ne fait pas de mal, toutes les citations étant exactes. La diversité des personnages, l’humour remarqué par plusieurs d’entre nous (un humour propre aux juifs new yorkais autour des questions métaphysiques mais aussi de la maladie, de la sexualité, de l’amour), l’originalité de la mise en scène, les dialogues enlevés, le jeu de miroir entre Schopenhauer modèle de pessimisme et Philip son double romanesque, l’intelligence de construction de l’intrigue ont été soulignés. Mais le caractère léger d’un livre qui ne restera pas gravé dans les mémoires mais plutôt comme une coupe de champagne a été également mentionné.
Ceux qui n’ont pas aimé voire qui ont détesté ont noté les longueurs surtout en milieu de livre, les répétitions, le sur-place, la platitude du style, les efforts nécessaires pour parvenir au bout, le rapport improbable entre les deux sujets, psy de groupe et vie de Schopenhauer, la nature anti-thérapeutique de la cure car ça ne se passe jamais comme cela dans la vraie vie, jamais un psy n’aurait laissé dans un même groupe de parole deux personnes s’étant connues par le passé, tout du moins en Europe – chez les anglo-saxons et les sud-américains peut-être bien que si, l’alternance trop simplificatrice qui rapporte tout à Schopenhauer pour expliquer le personnage de Philip, bref le faible ratio entre investissement temps et rendement plaisir !…
Nous avons tous parlé de la fin : surprenante pour certains, artificielle, inévitable pour d’autres, « mais c’était ça ou le tome 2!», dixit un lecteur qui avait hâte d’arriver au bout. L’une d’entre nous a bien remarqué que c’est Philip qui fait avancer le groupe en le faisant imploser et en résolvant les problèmes : en effet, le groupe patinait dans les bons sentiments depuis plusieurs années, avec la gentillesse factice et les inimitiés cachées. Grâce à lui, Pam retrouve un homme, Tony perd son complexe d’infériorité, etc... Les gens se sentent mieux à la fin, c’est donc une happy end, même si l’un d’entre nous s’est estimé déçu que Pam ne (re)couche pas avec Philip, qui pourtant est moins antipathique qu’au début – le plus antipathique de tous restant bien sûr Schopenhauer…
Finalement, à la relecture des diverses opinions, il semble qu’une partie des détestations pourrait s’expliquer par la déception lors de la comparaison avec des situations réelles de cure thérapeutiques en Europe, forcément incomparables.
Tony deviendra plus tard « expert en disponibilité émotionnelle », et Philip lui-même deviendra psy et « puisera des idées constructives dans sa connaissance de la philosophie.
Apprendre à vivre, apprendre à mourir ??
L’auteur, Irvin Yalom, est un psychiatre psychothérapeute californien né de parents russes en 1931, apparemment fort connu aux Etats Unis, et aussi en France (voir la revue grand public « Psychologies magazine »…). Il a publié une dizaine de livres à succès, dont « Mensonges sur le divan » lu et apprécié par l’une d’entre nous, parodie sur la psychanalyse et les effets de la projection. Ses sujets tournent tous autour de ce thème central de la psychothérapie.
La trame tout d’abord : un psy, Julius, apprend soudainement qu’il va bientôt mourir et veut mener à bien la thérapie de son groupe. Il recontacte un ancien patient assez détestable de prime abord, Philip, histoire de savoir ce qu’il est devenu et de comprendre les raisons de son plus cuisant échec professionnel. Un pacte passé entre eux deux constitue le point de départ d’une succession de scènes relatant l’avancée du groupe de psy dans lequel s’insère Philip, avec des séquences ayant trait à la vie et à l’œuvre de Schopenhauer, philosophe misanthrope, asocial coupé de la vie et imbu de lui-même - qui n’aurait rien inventé, voir Epictète et les stoïciens... Le tout entrecoupé par le récit du voyage d’une des patientes du groupe à la recherche d’elle-même dans un ashram en Inde – Goenka « épicentre mondial de l’apaisement de l’âme » (épisode fort peu crédible et même ridicule selon notre spécialiste ès Inde), et par les histoires de vie des divers protagonistes du groupe, leurs amours et désamours, leurs névroses, leurs addictions, leurs secrets bien gardés.
Ceux qui ont aimé ont mentionné l’intérêt qu’ils ont pris à découvrir une technique telle que la psychothérapie de groupe, ainsi que les théories philosophiques de Schopenhauer et sa biographie – ses rapports avec sa mère en particulier, sujets sur lesquels ils n’auraient pas été curieux d’aller se renseigner sinon, bref un peu de culture générale niveau bac philo et plus ne fait pas de mal, toutes les citations étant exactes. La diversité des personnages, l’humour remarqué par plusieurs d’entre nous (un humour propre aux juifs new yorkais autour des questions métaphysiques mais aussi de la maladie, de la sexualité, de l’amour), l’originalité de la mise en scène, les dialogues enlevés, le jeu de miroir entre Schopenhauer modèle de pessimisme et Philip son double romanesque, l’intelligence de construction de l’intrigue ont été soulignés. Mais le caractère léger d’un livre qui ne restera pas gravé dans les mémoires mais plutôt comme une coupe de champagne a été également mentionné.
Ceux qui n’ont pas aimé voire qui ont détesté ont noté les longueurs surtout en milieu de livre, les répétitions, le sur-place, la platitude du style, les efforts nécessaires pour parvenir au bout, le rapport improbable entre les deux sujets, psy de groupe et vie de Schopenhauer, la nature anti-thérapeutique de la cure car ça ne se passe jamais comme cela dans la vraie vie, jamais un psy n’aurait laissé dans un même groupe de parole deux personnes s’étant connues par le passé, tout du moins en Europe – chez les anglo-saxons et les sud-américains peut-être bien que si, l’alternance trop simplificatrice qui rapporte tout à Schopenhauer pour expliquer le personnage de Philip, bref le faible ratio entre investissement temps et rendement plaisir !…
Nous avons tous parlé de la fin : surprenante pour certains, artificielle, inévitable pour d’autres, « mais c’était ça ou le tome 2!», dixit un lecteur qui avait hâte d’arriver au bout. L’une d’entre nous a bien remarqué que c’est Philip qui fait avancer le groupe en le faisant imploser et en résolvant les problèmes : en effet, le groupe patinait dans les bons sentiments depuis plusieurs années, avec la gentillesse factice et les inimitiés cachées. Grâce à lui, Pam retrouve un homme, Tony perd son complexe d’infériorité, etc... Les gens se sentent mieux à la fin, c’est donc une happy end, même si l’un d’entre nous s’est estimé déçu que Pam ne (re)couche pas avec Philip, qui pourtant est moins antipathique qu’au début – le plus antipathique de tous restant bien sûr Schopenhauer…
Finalement, à la relecture des diverses opinions, il semble qu’une partie des détestations pourrait s’expliquer par la déception lors de la comparaison avec des situations réelles de cure thérapeutiques en Europe, forcément incomparables.
Tony deviendra plus tard « expert en disponibilité émotionnelle », et Philip lui-même deviendra psy et « puisera des idées constructives dans sa connaissance de la philosophie.
Apprendre à vivre, apprendre à mourir ??
L’auteur, Irvin Yalom, est un psychiatre psychothérapeute californien né de parents russes en 1931, apparemment fort connu aux Etats Unis, et aussi en France (voir la revue grand public « Psychologies magazine »…). Il a publié une dizaine de livres à succès, dont « Mensonges sur le divan » lu et apprécié par l’une d’entre nous, parodie sur la psychanalyse et les effets de la projection. Ses sujets tournent tous autour de ce thème central de la psychothérapie.
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