L’Homme qui aimait les chiens ou Les hommes qui aimaient en commun certaines
races de chiens, l‘histoire de trois hommes qui avaient une attirance pour
les lévriers russes Barzoïs : Léon Trotski, Ramon Mercader
son assassin, et Yvan, un jeune écrivain cubain.
Le récit historique de ce livre alterne en effet des chapitres consacrés à l’un ou l’autre de ces personnages, du milieu des années 1920 en peignant la jeunesse de Mercader et la révolte de sa mère Caridad contre sa riche famille bourgeoise et le début de l’exil de Trotski, jusqu’en 2004, date de la mort d’Yvan, en passant par trois dates importantes : 1933 et la naissance de la seconde république espagnole, 1940 et l’assassinat de Trotski et 1977 où, à la Havane, Yvan rencontre un monsieur Lopez qui promène deux Barzoïs et s’avèrera être Ramon Mercader.
Historien minutieux plus que romancier inspiré à la Dumas, Leonardo Padura, dont le Cercle avait aimé le roman policier Les Brumes du Passé, épargne peu le lecteur de certains détails qui ralentissent la progression du récit, pourtant construit en entonnoir, avec comme pièce maîtresse mais absente, le coup de piolet qui mit fin au compagnon de Lénine, un des artisans de la révolution de 1917, mais aussi de la répression et de la famine de l’Ukraine en 1920 et de l’élimination physique des marins de Cronstadt en 1924.
Jouant de l’histoire et de la géographie, Padura saute d’un des amateurs de chiens à l’autre en alternant des chapitres qui non seulement changent de personnage principal mais aussi d’espace et de moment. Le récit privilégie tour à tour la Barcelone de la guerre civile espagnole, l’URSS de l’apprentissage du métier de tueur, et le Mexique du drame final, construit comme une intrigue policière, où l’on ne nous épargnera aucun détail des états d’âme de l’exécuteur et de sa future victime, avec des incursions sur les exils turc, parisien ou norvégien des Trotski ou Cuba pour les rencontres entre Yvan et Ramon.
Qu’a pensé le cercle de ce livre ?
Un certain nombre de ses membres (plus ou moins 1/4) ont arrêté la lecture en cours de route entre un quart et un tiers du livre. Parce que l’intrigue n’avançait pas, parce qu’ils avaient été scandalisés par une phrase qu’ils jugeaient trop cynique ou trop longue et sans ponctuation, ou tout simplement parce que le livre était long (presque 700 pages dans la traduction) et qu’ils n’avaient pas le temps d’arriver au bout.
Tous ceux qui ont mené la lecture au bout et certains de ceux qui ont fait une lecture partielle ont jugé qu’ils avaient appris beaucoup de choses sur une histoire qu’ils connaissaient mal. Certains ont déploré que l’ancien Padura, celui des polars avec Mario Conde comme protagoniste, se soit effacé derrière un historien scrupuleux mais trop pointilliste. Certains ont jugé que la clé de l’histoire était dans la terreur que Staline, ses partisans et ses policiers, inspiraient à ceux qui partageaient un idéal communiste. D’autres y voyaient surtout de la croyance aveugle et de la conviction religieuse, parant le PC d’une fonction ecclésiale et son chef de l’infaillibilité.
La métamorphose de Ramon Mercader de petit-fils de bourgeois fortunés en révolutionnaire professionnel, sous l’influence de sa mère, d’Africa de las Heras, son amour inatteignable, et des agents soviétiques, a beaucoup frappé les lecteurs. Enfin quelques-uns se sont interrogés sur ce que Padura cherchait, lui, le cubain qui n’avait jamais voulu déserter son pays pendant les années les plus difficiles mais désormais voyageant dans le monde entier et déclaré citoyen espagnol en 2011 mais résidant toujours dans son île.
Que voulait dire approfondir, carotter, et faire mourir les trois protagonistes principaux de ce livre célébré dans le monde hispanique ? Quel sens donner à la lente construction de ce récit ? Est-ce seulement pour égratigner le système cubain, ou plutôt se faire l’écho d’un des moments les plus dramatiques du XXème siècle, dont l’importance fut cachée par les deux guerres mondiales, qui avaient justement épargné et l’Espagne et le Mexique et Cuba ?
Le récit historique de ce livre alterne en effet des chapitres consacrés à l’un ou l’autre de ces personnages, du milieu des années 1920 en peignant la jeunesse de Mercader et la révolte de sa mère Caridad contre sa riche famille bourgeoise et le début de l’exil de Trotski, jusqu’en 2004, date de la mort d’Yvan, en passant par trois dates importantes : 1933 et la naissance de la seconde république espagnole, 1940 et l’assassinat de Trotski et 1977 où, à la Havane, Yvan rencontre un monsieur Lopez qui promène deux Barzoïs et s’avèrera être Ramon Mercader.
Historien minutieux plus que romancier inspiré à la Dumas, Leonardo Padura, dont le Cercle avait aimé le roman policier Les Brumes du Passé, épargne peu le lecteur de certains détails qui ralentissent la progression du récit, pourtant construit en entonnoir, avec comme pièce maîtresse mais absente, le coup de piolet qui mit fin au compagnon de Lénine, un des artisans de la révolution de 1917, mais aussi de la répression et de la famine de l’Ukraine en 1920 et de l’élimination physique des marins de Cronstadt en 1924.
Jouant de l’histoire et de la géographie, Padura saute d’un des amateurs de chiens à l’autre en alternant des chapitres qui non seulement changent de personnage principal mais aussi d’espace et de moment. Le récit privilégie tour à tour la Barcelone de la guerre civile espagnole, l’URSS de l’apprentissage du métier de tueur, et le Mexique du drame final, construit comme une intrigue policière, où l’on ne nous épargnera aucun détail des états d’âme de l’exécuteur et de sa future victime, avec des incursions sur les exils turc, parisien ou norvégien des Trotski ou Cuba pour les rencontres entre Yvan et Ramon.
Qu’a pensé le cercle de ce livre ?
Un certain nombre de ses membres (plus ou moins 1/4) ont arrêté la lecture en cours de route entre un quart et un tiers du livre. Parce que l’intrigue n’avançait pas, parce qu’ils avaient été scandalisés par une phrase qu’ils jugeaient trop cynique ou trop longue et sans ponctuation, ou tout simplement parce que le livre était long (presque 700 pages dans la traduction) et qu’ils n’avaient pas le temps d’arriver au bout.
Tous ceux qui ont mené la lecture au bout et certains de ceux qui ont fait une lecture partielle ont jugé qu’ils avaient appris beaucoup de choses sur une histoire qu’ils connaissaient mal. Certains ont déploré que l’ancien Padura, celui des polars avec Mario Conde comme protagoniste, se soit effacé derrière un historien scrupuleux mais trop pointilliste. Certains ont jugé que la clé de l’histoire était dans la terreur que Staline, ses partisans et ses policiers, inspiraient à ceux qui partageaient un idéal communiste. D’autres y voyaient surtout de la croyance aveugle et de la conviction religieuse, parant le PC d’une fonction ecclésiale et son chef de l’infaillibilité.
La métamorphose de Ramon Mercader de petit-fils de bourgeois fortunés en révolutionnaire professionnel, sous l’influence de sa mère, d’Africa de las Heras, son amour inatteignable, et des agents soviétiques, a beaucoup frappé les lecteurs. Enfin quelques-uns se sont interrogés sur ce que Padura cherchait, lui, le cubain qui n’avait jamais voulu déserter son pays pendant les années les plus difficiles mais désormais voyageant dans le monde entier et déclaré citoyen espagnol en 2011 mais résidant toujours dans son île.
Que voulait dire approfondir, carotter, et faire mourir les trois protagonistes principaux de ce livre célébré dans le monde hispanique ? Quel sens donner à la lente construction de ce récit ? Est-ce seulement pour égratigner le système cubain, ou plutôt se faire l’écho d’un des moments les plus dramatiques du XXème siècle, dont l’importance fut cachée par les deux guerres mondiales, qui avaient justement épargné et l’Espagne et le Mexique et Cuba ?
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