Une des trois nouvelles brêves qui illustrent les voyages, l’approche de cultures étrangères, même lointaines, par F.R. de Chateaubriand ; mais aussi l’inspiration issue de certaines de ses relations amoureuses. Indiens d’Amérique pour Atala et René, Espagnols d’Andalousie et Maures nostalgiques du royaume de Grenade, paradis perdu, pour le « dernier Abencerage ».
Dans chacune des nouvelles du "Dernier Abencérage", l’histoire est celle de passions amoureuses rendues impossibles par le sens du devoir, de la religion, d’honneur familial, noblesse des sentiments ; tous sentiments forts, vécus avec dignité, larmes et souffrance. Ce sont les déchirements de l’ « Amour Romantique »
La langue en est riche, fleurie, elle permet des descriptions presque picturales de la nature, en particulier celle de l’Amérique d’avant les cowboys et de l’Andalousie d’avant les promoteurs immobiliers. Est-ce cette richesse de langue, sa presque grandiloquence, sa connotation poétique, qui a fait exclure FR de Chateaubriand des programmes scolaires ??
Pourtant, il serait dommage de ne pas remarquer la puissance de synthèse de cette langue qui, en 2 pages (240 et 241) raconte une scène, presque cinématographique, de l’annonce d’un duel, de deux renonciations par grandeur d’âme, de trois départs, de deux attentes durables et d’un décès.
Beaucoup d’entre nous ont aimé ce moment d’évasion à la fois fort et empreint de fraîcheur, même si la primauté violente des édits religieux, des contraintes, présentées comme « morales », sur la force de sentiments purs et profonds, a pu passer pour invraisemblable, voire déraisonnable aux yeux de certains.
Une autre ne s’est pas sentie « entrer dans le monde » décrit, et de fait n’a pas aimé du tout.
On a pu y voir, et c’est curieux de la part de ce royaliste ardent, baigné dans la tradition, des critiques politiques ou sociales telles que la dénonciation des massacres d’indiens par les colons espagnols, l’étouffement de projets de vie simple et heureuse au nom de «vœux» religieux prononcés par certains, contraignant ceux qui ne les ont pas souhaités.
On aurait peut être dû préférer « L’esprit du Christianisme » ?
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