Excellente idée d'avoir couplé la visite de Bruges et de l'exposition des peintres flamands (autour de Van Eyck) et la lecture de deux livres sur des peintres flamands.
Si « L'enfant de Bruges » a globalement plu à ceux qui l'avaient lu, en revanche unanimité pour reconnaître que ce n'est pas le meilleur de Gilbert Sinoué. Un peu trop compliqué, autour d'une intrigue mal nouée (sans jeu de mots).
L'action démarre en 1441, quelque temps avant la mort du Maître. Bruges est encore un port prospère et actif. Van Eyck au service du Duc de Bourgogne est un peintre influent et beaucoup d'apprentis et de copistes fréquentent son atelier. Climat de complots, des meurtres à répétition chez des artistes qui ont eu des liens avec Van Eyck. « Petit il faut savoir se taire surtout quand on sait ». Ainsi s'exprime Van Eyck face à son fils adoptif Jan en qui il voit son successeur et à qui il dévoile les nouveaux modes de peinture à l'huile. Quel est donc ce Grand Secret ? Van Eyck n'est pas seulement le Maître reconnu et respecté. Il est aussi espion à ses heures lors de ses voyages au Portugal, pays en lutte pour les conquêtes maritimes.
Période d'obscurantisme, début de la Renaissance et de progrès que beaucoup redoutent, peurs des Turcs, ce sont là des thèmes parmi les plus intéressants du roman qui nous fait voyager depuis les brumes de Bruges jusqu'aux paysages éclatants de la lumière de Toscane.
Autre genre, à l' époque de l'âge d'or de la peinture hollandaise deux siècles plus tard, pour « La jeune fille à la perle ». L'auteur américaine, Tracy Chevalier, fut fascinée toute son enfance par la peinture de Vermeer et en particulier le tableau de la jeune fille à la perle tout en s'interrogeant sur la signification de ce regard : empreint de tristesse, de séduction ou de naïveté ? « De cette interrogation est né le roman » a dit l'auteur.
Elle s'est lancée à corps perdu dans l'histoire imaginaire de Griet, jeune servante au service de la famille Vermeer. Seule au milieu des cinq enfants et de trois femmes hostiles et jalouses, Griet a droit à l'accès de l' atelier du Maître. Elle aime Vermeer, il n'aime que son image. Il fait d'elle son modèle, son assistante notamment pour fabriquer les couleurs. L'auteur a respecté la mémoire du peintre, De lui, on apprend si peu de choses que cela a suffi pour débrider nos imaginations. En effet il ne parle guère, explique peu et vit dans sa bulle.
Tout est décrit avec minutie et précision, à la manière d'un script, parfois un peu scolaire. A partir de détails, on voit vivre une famille au quotidien ainsi que le rôle d'une servante dans une maison bourgeoise. Roman intimiste dans Delft, ville aussi prospère que rigide, vue à travers les yeux d'une adolescente de 16 ans devenue malgré elle servante pour sauver sa famille de la famine. Roman bien travaillé, consciencieux, le charme a opéré pour la plupart d'entre nous.
Si le premier roman nous a éclairé sur l'importance des copistes et des longues périodes d'apprentissage fait confirmé par la visite de l'exposition, le second roman nous révèle que les peintre flamands étaient considérés comme des artisans plutôt que des artistes et qu'ils réalisaient des tableaux sur commande.
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