Sélection de trois livres signés par des femmes et bilan contrasté au moins pour deux d'entre eux , le 3ème "La coquetière" étant reporté à la prochaine séance.
" Stupeur et tremblements " a été, primé et largement nominé. Reconnaissance méritée de l'avis quasi unanime par le thème , le style . Forçant le trait sur l'absurde et l'ironique , Amélie Nothomb nous relate ses débuts dans le monde du travail , dans une entreprise aux codes rigides et conventionnels comme il sied dans toute entreprise japonaise. Récit autobiographique , si l'on en croit les interviews de l'auteur.
Les avis ont divergé quant à la perception du contenu de l'ouvrage et des objectifs de l'auteur . En avait-elle ou son numéro d'écriture divertissant , plaisant , ironique , se suffisait-il à lui-même. La description des déboires auxquels elle fait face durant son année de stage ne nous émeuvent jamais car elle a une position de recul et elle sait les traiter avec humour et une lucidité parfois un peu exagérée .Le statut de la femme japonaise est évoqué "On lui coule du plâtre à l'intérieur du cerveau"...."Ton devoir est de te sacrifier pour autrui". Mais le sort du nippon n'est pas plus enviable. La nippone , elle, a au moins la possibilité de quitter l'enfer de l'entreprise en se mariant:
Même si les codes de conduites japonais nous paraissent excessifs et caricaturaux , peut-être sont-ils réels : faisons un arrêt sur images ; la débilité des rapports hiérarchiques esclave/maître entre collaborateur et chef qui génèrent sadisme , cruauté , ne nous sont pas complètement étrangers , ici dans nos entreprises européennes et il faut citer l'excellent ouvrage de M.H Hirigoyen "Le harcèlement moral" sur le sujet. A suivi un débat autour des "profils" à humiliation présents dans l'entreprise et qui subissent sans réagir .
"L'un pour l'autre" de Nathalie Rheims est un court texte intimiste, bouleversant . Un récit de rupture, un travail de deuil . L'auteur , journaliste se lance dans un papier sur la vie de l'acteur Charles Denner récemment disparu. Elle ne parvient pas à guérir de la perte de son frère aimé , reporte sa peine sur un" hypothétique amant" disparu .Elle passe du 'tu' au 'vous' , le 'tu ' étant légèrement évoqué , elle se lance à corps perdu sur la vie de l'acteur , son enfance de juif émigré , son passé de résistant , sa vie d'acteur , son visage enfiévré et tourmenté . L'exercice était difficile , original , si elle a réussi à émouvoir la plupart d'entre nous , certains sont restés indifférents .Faut-il parler d'ouvrage féminin?
En vrac certains ouvrages qui seront peut-être choisis pour les prochaines séances : 'Soeur' de Cristina Comencini , 'Les lettres de Théo' (avec visite de l'expo Van Gogh ) , Les causes perdues de J.Ch. Ruffin , Je m'en vais (Prix Goncourt ) Jean Echenoz.
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