OUF, quel souffle léger et pur après un roman très parisien. On a tous ou presque plongé avec délice dans « Le lièvre de Vatanen » un roman très masculin aux confins de la Laponie, un pays méconnu où l'homme viril se bat contre les ours. En effet, rien à voir avec nos parisianismes échevelés et nos romans très mode dans l'air du temps.
Livre tonique, burlesque, aux situations cocasses, par leurs enchaînementset leurs bizarreries. Chaque chapitre est une petite histoire en soi, que l'on pourrait conter à la veillée ou mettre en image. Le thème : un journaliste désabusé, recueille un lièvre blessé sur une route de campagne, il décide de ne plus rentrer chez lui, il quitte foyer et bureau: il devient dès lors un hors la loi, pour suivre avec son lièvre des aventures au grè de son improvisation. Pourquoi le suit-il ? Mystère. Mais dès lors, le lièvre sera son compagnon de route, plus, son maître, auprès de qui, il cherchera la justification de son acte de fuite, sans que cela ne l'émeuve. Le héros a pris soin de vérifier auprès d'une diseuse de bonne aventure que son destin le mettra toujours à l'abri. Il part alors pour une vie d'errance, et sa préoccupation essentielle est de résoudre les situations au fur et à mesure qu'elles se présentent : vaste programme.
De sentiment, il n'y en a point ou si peu, les femmes sont quasiment absentes à peine figurent-elles en filigrane. Vatane, puisque tel est son nom, s'est pris d'amitié pour ce lièvre dont on suit tous les déplacements jusqu'à la description très précise des crottes. Vatane, aux ressources insoupçonnées, survit, de la pêche à la chasse à l'ours. L'auteur dénonce les travers de la société, ses codes rigides, l'armée, la loi, la police, l'autorité, l'église, et même le voisin soviétique présenté sous uns apect sympathique mais n'est-ce pas pour mieux en rire ?
Pas de raisonnement tortueux, pas de grande théorie, peu de dialogue, le livre se termine en forme de clin d'oeil sur un message ssentiel et ô combien évocateur « C'est la vie ».
L'auteur Arto Paasalina est né en Laponie finlandaise dans les années 40 et il a exercé divers métiers dès l'âge de 13 ans: bûcheron, ouvrier agricole avant de se lancer dans des études artistiques, ce qui explique sa bonne connaissance des décors de l'homme confronté à la vie dans la nature.
Ce roman défini par son auteur comme un roman d'humour écologique n'interpelle-t-il pas, enfoui en chacun de nous notre part de rêve de retour aux sources et de largage des amarres ?
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