Le débat autour de « les intermittences de la mort » a fait ressortir des points-de vue très différents, voire opposés, entre enthousiasme et détestation.
Ces affrontements, cordiaux mais vifs, ont porté aussi bien sur le fond du roman, sa construction et son contenu, que sur sa forme , en particulier l’écriture de Saramago.
Le contenu a été résumé par Y. Tanguy, qui remarqua quatre périodes dans le récit. Le moment où la mort étant absente, cela déstabilise toute une série de métiers et d’institutions, et permet à l’auteur des développements ironiques ou critiques sur celles-ci. Puis, quand la mort revient, la catastrophe due au nombre de décès ajoute au désarroi de ces pouvoirs, d’autant plus que la maffia, toujours à la recherche d’opportunités, se mêle de l’affaire. Enfin, la Mort décide de jouer personnalisé et envoie des faire-parts de mort annoncée à ceux qu’elle juge prêts, déclenchant des ruées dans les confessionnaux et des parties fines entre amis. Seul un violoncelliste ne répond pas à l’invitation. Il aura des rapports intimes avec la mort dans un final un peu fantastique.
Ceux qui ont aimé le récit de Saramago ont souligné sa richesse, la prise de distances qu’il nous amène à avoir avec les institutions de la vie quotidienne, le caractère poétique de la fin du livre, l’aspect conte philosophique. D’autres ont apprécié sa lucidité et son ironie, qui est davantage dans les situations que dans les mots d’esprit de l’auteur, même s’il en parsème dans le texte.
Ceux qui n’ont pas aimé le livre reconnaissent que l’idée
de départ était excellente, mais le style sans paragraphes ni chapitres,
d’une langue lourde, sans dialogues marqués. leur a rendu la lecture
difficile.
D’autres, qui trouvaient l’idée de départ séduisante,
reprochent à l’auteur d’enfiler des stéréotypes
et des lieux communs à propos des institutions qu’il prend pour
cible. Pour d’autres, ce qui ne va pas, c’est l’idée
de faire un roman sans personnages, sauf à la toute fin. Un roman où seules
les structures sont présentes, à la manière du Nouveau Roman,
dont ils considèrent que le bilan est d’une grande stérilité.
D’autres l’ont comparé à la composition française
de rentrée des classes « racontez vos vacances » . Question à laquelle
les enfants répondent en alignant des thèmes, sans se préoccuper
de mise en drame ni de mise en paragraphe.
Bref si tout le monde a apprécié l’idée de départ
ceux qui ont apprécié la facture de l’ouvrage sont beaucoup
moins nombreux.
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