Il s’agit du récit d’une initiation à la vie hors
de sa famille d’un jeune garçon à partir de ses 14 ans, écrit
dans les dernières années du XIX° Siècle au Brésil, à Rio
de Janeiro. Le livre est considéré comme un grand classique de
la culture brésilienne et est enseigné dans le secondaire au
Brésil.
Le livre est écrit de façon subjective. C’est Don
Casmurro qui se remémore. Jeune, on l’appelait Betinho.
C’est donc
son histoire, vue par lui-même, qui va se dérouler. Le récit
est écrit en 148 courts chapitres, dont quelques-uns seulement d’une
page. Un membre du cercle a estimé que leur succession ne fait pas de
ce récit un roman, mais ce point n’a pas été repris
par les autres discutants.
La plupart ont découpé le roman en trois parties : Dans la première,
Betinho hésite entre obéir à sa mère qui a fait
le vœu d’en faire un prêtre (donc accepter de quitter la maison
familiale pour le séminaire) et son amitié pour une voisine,
Capitou, qui, dès le plus jeune âge, l’engage à bâtir
un avenir commun avec elle. Dans la seconde partie, Betinho s’éveille à l’enivrement
des sens et ruse avec sa mère et son entourage, alors qu’il est
au séminaire, pour ne pas devenir prêtre. Il y fait la connaissance
d’un grand ami, Escobar. La troisième partie est très rapide.
Capitou, qu’il a épousé, lui donne un enfant, Ézéquiel.
Escobar meurt, et Betinho est persuadé que l’enfant est celui
d’Escobar. Il éloigne sa femme en Suisse. Le livre finit sur l’incertitude
sommes nous devant un Othello qui couve son propre Iago ou devant Sherlock
Holmes ?
La première partie du livre a été objet de visions différentes
parmi les membres du cercle : certains l’ont beaucoup apprécié.
Ils y ont trouvé une grande finesse d’analyse des émotions
et des sensibilités. D’autres ont pensé ne pas pouvoir
entrer dans le livre, tellement cette première partie, entre la moitié et
les deux-tiers du livre, leur a semblé ennuyeuse, lointaine dans l’espace-temps,
avec une évocation de sentiments qui leur sont si étrangers qu’ils
ne pouvaient pas y prendre intérêt.
Par contre la deuxième partie a plu de façon presqu’unanime.
Quant à la troisième, tous l’ont trouvée abrupte
et cela a gêné la lecture de certains.
Parmi les personnages, celui de Capitou a suscité le plus d’intérêt,
avec des avis contrastés : certains en avaient fait la véritable
héroïne du livre, alors que d’autres la voyaient comme une
stratège machiavélienne. Le « familier» Josè Dias
a fait également l’objet de commentaires divergents, certains
le voyant comme un parasite lèche-bottes et d’autres comme un
personnage équilibrant le milieu familial. Quant à Betinho, son
caractère falot mais, à la fin, paranoïaque, fut assez largement
attribué au poids de l’église, au mixte de catholicisme
pieux et d’esclavagisme finissant caractérisant sa situation sociale
d’enfant riche.
Le découpage en courts chapitres a plu de façon presqu’unanime,
ainsi que la traduction très moderne d’A.M. Quint (éditions
Métailié). De même que certaines évocations de sentiments,
comme la scène du premier baiser. Cependant, les moments où l’auteur
s’adresse à ses lecteurs, en les interpellant, a agacé plus
d’un.
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