Sainte Beuve se décrit comme un naturaliste des esprits. Il a consacré l'essentiel de son oeuvre littéraire à parler des femmes. Son recueil composé de 4 nouvelles n'y échappe pas. La 3eme nouvelle qui donne son titre au recueil ne vaut pas un clou fut-il d'or. La 1ère malgré les atermoiements du narrateur est relativement intéressante et évoquerait les relations parfois orageuses de Sainte Beuve avec Madame Victor Hugo. La dernière " Le pendule " plutôt humoristique rappelle les humbles serviteurs des nantis dont on retrouvera un exemple dans le livre qui suit et qui parce qu'ils sont simples employés, passent souvent inaperçus mais gardent en eux, s'ils sont observateurs des secrets insoupçonnés.
Sainte Beuve attribue aux femmes une certaine conception de l'amour "la plupart des femmes pensent que le plus sûr moyen de garder l'aimé est de lui résister toujours" ou "Combien de fois l'amour commence-t-il plus sérieux chez la femme en ce moment où le désir satisfait s'éteint chez l'homme" ce qui n'est pas sans rappeler certains thèmes de la Conversation amoureuse d'Alice Ferney.
Quoi de plus banal qu'une histoire d'adultère ? De plus dans un milieu de bourgeois où Monsieur est paléontologue et Madame une brillante avocate. Dans "Double vie" P.Assouline n 'épargne personne et égratigne tout ce beau monde. Ce sujet bien qu'au centre du roman permet à l'auteur de dénoncer ces merveilleux outils de la dernière technologie qui tracent le moindre de nos mouvements : caméra, téléphone, portable, Internet... et d'aborder le thème des libertés sous surveillance.
Le livre commence comme un film de série X, se poursuit en Big Brother, s'interrompt sur un passage savoureux digne du "Charme discret de la bourgeoisie" et se termine bizarrement en histoire policière. Livre agréable à lire, qui nous laisse plein d'interrogations. Réjouissons nous de ne point faire partie des relations intimes de l'auteur, nous eussions couru le risque de voir décliner nos travers dans un style décapant.
Thème surprenant pour quelqu'un qui nous avait habitué à des biographies plutôt qu'à des romans. Ici il semble dénoncer un certain esprit parisien bourgeois auquel il appartient, même s'il se complait à faire prendre à son héros masculin un certain recul et un certain détachement. Pour Assouline, point de répit dans nos vies, dès lors que l'on a une vie secrète, on mène une double vie. Le héros surpris et désemparé par la disparition brutale de sa maîtresse bascule dans la paranoïa et nous laisse dans l'interrogation du crime : crime-passion ou crime calculé ?
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