Ce livre a fait l'objet d'aimables controverses : presque tout le monde a jugé qu'il se lisait facilement et qu'il contenait, de temps en temps, des trouvailles linguistiques amusantes, sans que , pour autant, le style ait été jugé de grande qualité.
C'est la composition du livre et ses personnages qui a donné lieu à débat. Pour certains, le fait de scander les chapitres par le nom d'un président de la république, permettait de mieux remémorer et situer les différentes périodes historiques que les lecteurs du cercle avaient vécu. Mais pour d'autres, il s'agissait d'un simple fond d'écran dont JP. Dubois ne fait pas grand-chose.
La forme du roman est une sorte de chronique à la première personne, d'égo-histoire ou d'histoire de vie. Par ailleurs il contient des détails très réalistes, comme l'enseignement de la sociologie à Toulouse le Mirail ou l'évocation du Midi Olympique avec ses pages jaunes. Tout ceci peut faire croire que l'auteur est le héros du roman. Mais la forme du roman, très biblique, avec ses vaches grasses ( l'entrée dans la famille de Anna, le boulot peinard au journal, le succès des photos d'arbres) et ses vaches maigres (mort de sa mère et de sa femme, dépression de sa fille, ruine de la famille) montre bien qu'il s'agit d'une construction qui fut diversement appréciée, les uns la trouvant réaliste et d'autres soulignant son caractère sadiquement judéo-chrétien, comme s'il fallait toujours payer les bienfaits que le hasard met à votre disposition.
Les appréciations sur le caractère du héros ont aussi trouvé une grande variété : pour les uns, il s'agit d'attitudes typiques des situationnistes, ou de certains soixante-huitards qui se pensaient une avant-garde intellectuelle, prônant une révolution dans les mœurs plus que dans la structure de la société. Au nom de cette position qu'ils supposaient en avance sur les autres, ils développaient une morale égoïste et méprisante pour autrui. D'autres lecteurs voyaient dans le personnage principal un homme superficiel. Certains le comparèrent à une caméra qui enregistre ce qui se passe, sans porter de jugement ni témoigner de l'émotion. Ce dernier point donna lieu à des appréciations divergentes.
Mais, pour certains, le fait de construire le roman avec, au centre, ce type de protagoniste, empêchait de donner de l'épaisseur à des figures plus intéressantes, comme le beau-père, la mère (avec son amour immodéré de Mitterrand) Anna, sa mère, ou encore les enfants du couple. Le fait d'écrire une chronique centrée sur un seul personnage, mais où interviennent d'autres qui ont le caractère trempé, fit regretter à certains un roman mettant en scène les logiques des autres rôles. Pour les uns, le fait d'ancrer le roman dans des détails de la vie quotidienne, comme la Simca 1100 et de rendre la chronique suffisamment intéressante pour la lire jusqu'au bout, est un atout. Pour certains autres, il s'agit d'une chronique intéressante mais mal ficelée. Certains ont rejeté complètement le livre, ne lui trouvant aucune valeur.
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