Premier livre d'Amado pour la plupart d'entre nous, « Cacao » figure parmi les premiers romans de cet auteur brésilien porte parole d'un peuple en proie aux luttes sociales pour la conquête des terres du cacao.
Le Nordeste est une région particulièrement pauvre où les travailleurs n' ont pas d'autre choix que de tenter de survivre en restant sur les plantations ou soit d'aller grossir les rangs des laissés pour compte des grandes villes comme Sao Paulo. Témoignage autobiographique ? Jorge Amado est issu de « cette terre violente ». Est-ce un roman au sens où on l'entend habituellement, un roman engagé, un roman historique, autobiographique ou bien une chronique ou encore un documentaire, « Cacao » fut ainsi catalogué selon l'angle de vue de lecture. L'auteur aborde le thème de l'exploitation de l'homme par l'homme pour déboucher sur la lutte des classes, il décrit des situations telles que l'absence d'espoir plus qu' une évocation précise de personnages pourtant chargés d'humanité. Ecrit d'un style sec, aride comme ces grandes terres du Sertao où seul pousse le cacao, le livre présente une vision manichéenne du rapport de classes. Le style n'est pas sans rappeler Erri de Luca, sur le plan du contenu, Steinbeck, Brink, ont été évoqués, ainsi que tous les écrivains qui se sont intéressés à ce thème universel de lutte des classes.
Fallait-il commencer par ce livre pour découvrir cet illustre auteur traduit dans tous les pays ? Pour ceux qui aiment les livres courts, brefs, concis, sans aucun doute, pour d'autres, plus habitués aux descriptions de personnages baroques, le style inhabituel pour un roman sud-américain, a plutôt déconcerté. Roman fondateur de toute la vie de cet auteur qui a d'abord mené en parallèle un engagement politique au côté de ses frères de sang et une carrière d'écrivain se décrivant « trouvère populaire », Cacao laisse entrevoir les thèmes récurrents de son œuvre.
Amado se consacrera ensuite à une littérature, plus classique, pleine d'humour caustique toujours centrée sur ce peuple de Bahia foisonnant, sensuel où se côtoient les prostituées au grand cœur, les travailleurs exploités, illettrés, la misère au quotidien, les patrons paternalistes. « Bahia de tous les saints » ou encore « Gabriela » sont de cette veine et marquent le début de sa seconde période.
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