Dans l’ensemble le cercle de lecture a aimé ce livre.
Le roman de Zoé Oldenbourg a pour cadre la France au début du
XIIIe siècle. S'il retrace la grande pitié de ce monde rude et
raffiné, la misère des pèlerins et des vagabonds sur les
routes du Midi, les malheurs de la guerre, il évoque plus particulièrement
la vie des petits seigneurs des environs de Troyes, avec ses tournois, ses
mœurs courtoises et grossières, ses drames de famille et ses sanglants
règlements de comptes...
Au centre de l'action se fixe en trois générations le destin
tragique de l'une de ces familles, la famille de Linnières : Ansiau, « le
vieux », hanté par le souvenir de Jérusalem et du fils
qu'il y a perdu, lancé sur la grande route, aveugle, mendiant, humilié,
gardant toujours sa fierté d'ancien croisé ; son fils, Herbert, « le
gros », grand ramasseur de terres et d'écus, brutal, violent,
jouisseur, petit féodal qui veut être grand seigneur sur ses terres
; enfin, le fils d'Herbert, Haguenier, que sa nature exaltée et son éducation
chevaleresque opposent à son père, et qui se consacre avec toute
la bonne foi de la jeunesse au service de sa Dame, la belle et décevante
Marie de Mongenost.
Parallèlement à leurs aventures singulières ou tragiques,
se nouent et se dénouent d'autres destinées également
cruelles - que ce soit dans la forêt de Linnières hantée
par les fées, sur les routes du Languedoc dévasté par
la Croisade des Albigeois ou dans les vallées de Palestine.
Ce roman est le lauréat 1953 du Prix Femina.
Chaque personnage vit jusqu'au bout son propre drame, dans cette époque à la fois grossière et chevaleresque, terrible et tendre, et où l'homme était engagé à fond dans ses instincts, son amour ou sa foi... Est-ce dans cette foi qui anime et soutient les personnages qu'il faut trouver l'explication du titre, ou dans la main de Dieu qui semble peser sur eux?
Dans ce livre très riche et volumineux, les uns et les autres on trouvé matière à mieux
connaître cette époque, et se sont intéressés plutôt à tel
ou tel aspect ou personnage : le rôle de la religion, de la croyance-du
sacré, l’amour courtois, ou a contrario l’inceste et le
mariage arrangé, les relations sociales entre petits nobles et paysans,
la codification et le poids des statuts, (y compris des pèlerins), la
lutte contre les infidèles, etc… La violence apparaît centrale.
Elle a gêné certains.
Si des longueurs ont été signalées, et parfois des difficultés à se
retrouver parmi l’ensemble des personnages sans dates précises,
ou par manque de connaissances préalables, tous ont été séduits
par un style d’écriture remarquable. Beaucoup ont trouvé la
langue poétique et certaines descriptions de la nature ou d’évènements
marquants. L’orage, la mort d’Eglantine sont des morceaux de bravoure.
Ce sont les passages sur l’amour courtois qui ont peu déçus.
Répétitifs parfois difficiles à comprendre aujourd’hui.
Ce livre s’appuie sur une documentation historique en restant une fiction.
Zoe Oldenbourg, émigrée russe, a aussi écrit des livres
plus spécifiquement consacrés aux Albigeois.