Débat intéressant un peu inattendu sur un ouvrage plutôt méconnu de Georges Perec.
La vie d'un auteur permet de décoder son oeuvre, c'est particulièrement le cas de celle de Georges Pérec.Il était recommandé de lire la 4ème de couverture qui donnait la réponse à pas mal de questions.Perec, fils d'émigré est devenu très jeune, orphelin, sa mère est morte en camp de concentration.
Le titre, déjà une énigme : W ou le souvenir d'enfance ; W lettre double, double récit de 2 textes alternés avec une équivoque permanente, une fiction qui n'est pas tout à fait une fiction et une autobographie qui n'est pas toujours une autobiographie car il y a confusion entre le souvenir et l'effort de création. L'auteur avertit le lecteur: « je n'ai aucun souvenir d'enfance » et nous l'avons tous souligné : en effet que sont ces souvenirs incertains, pleins de doutes face à une fiction qui relate un fantasme d'enfant décrit avec une précision d'entomologiste (n'oublions pas que Pérec a commencé documentaliste et en a gardé toute la rigueur et l'obsession du classement et de la précision). Le style est également distancié et reflète un cynisme quand il nous fait partager l'horreur des univers concentrationnaires mais on l'aura compris, c'est pour mieux cacher ses émotions.
Perec joue avec les mots, les lettres et aussi les symboles. Ce sont toute la force des «...» qui interrompent les 2 textes au milieu de l'ouvrage : la mort de la mère renvoie aux difficultés de la mémoire. L'indicible est symbolysé par ces «...» .
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