Deux assassinats, un châtelain suspect idéal, de quoi faire un roman policier et pourtant personne n’a songé à qualifier « Les âmes grises » de roman policier, à peine a t-on cité Simenon. Plutôt roman d’atmosphère, ce mot est revenu plusieurs fois pour décrire le climat de ce livre froid, sombre, glacial comme l’est le titre. On y voit les hommes tels qu’ils sont, ni blancs, ni noirs, où est le bien, où est le mal, pas si simple, les âmes sont grises, joliment grises...
Dans ce roman, on y raconte l’enquête sur la mort d’une fillette surnommée "Belle de jour", on y raconte ou plutôt on évoque aussi la guerre qui sévit pas loin dans ce coin de l’Est de la France en 1917. une guerre que l’on devine en entendant tonner au loin les canons. Plusieurs intrigues s’y croisent, la population est partagée, entre gens du peuple et notables, « gens biens » entre ceux qui vivent la guerre et ceux qui sont plus épargnés.
Le démarrage est un peu difficile avant de comprendre qui est le narrateur et son lourd secret. Le procureur Destinat domine le livre et pourtant depuis la mort de sa femme, il a vécu en reclus et sa vie fut triste et insipide.
Quelques digressions relevées, quelques incohérences aussi mais qu’importe, ce roman n’a pas fait l’unanimité cependant, la plupart d'entre nous en ont souligné la beauté du style et la profondeur des personnages.
Etait-ce un livre à lire en été ? Les avis ont été partagés sur ce point. A l'heure où sort le film issu du roman de Japrisot "Un long dimanche de fiançailles" lu au CERCLE, certains d'entre nous pensent que "Les âmes grises" écrit en forme de script pourrait être aussi adapté au cinéma.
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