Séance de lecture autour de 2 auteurs qui ont en commun d'être venus à l'écriture après un parcours professionnel : l'un , agronome de formation, dans l'informatique, l'autre journaliste/reporter de la télévision espagnole (il était en Bosnie lors du dernier conflit).Ils ont aussi en commun d' avoir goûté à une certaine forme de « libération » ou de « liberté » grâce à l'écriture.
2 ouvrages de Michel HOUELLEBECQ : «Extension du domaine de la lutte » et « Les particules élémentaires » Le 1er livre est à consommer avec modération et neurasthéniques s'abstenir, par contre il est conseillé à ceux qui souffrent d'optimisme béat , plongez vous dans la lecture , vos certitudes ou habitudes risquent dêtre ébranlées; ce livre est une chronique de la souffrance, de la solitude et des dégâts constatés quotidiennement et de plus en plus fréquemment dans l'entreprise.
Le 2ème ouvrage, , vaste roman « Célinien » narre
les aventures de 2 demi-frères, un obsédé sexuel et un
savant spécialiste du clonage de nature plus chaste. Ce dernier a fait
une découverte capitale :il prouve que tout code génétique
peut être réécrit très prochainement, annonçant
une nouvelle espèce que l'humanité pourra contrôler
biologiquement « ce qui ferait apparaitre la sexualité comme une
fonction superflue, dangereuse et régressive » .On aurait tort
de n'y voir qu'un déballage de déviations sexuelles,
vos opinions contrastées m'ont convaincue de poursuivre la lecture
de cet agitateur d'idées , dérangeant , en lutte contre
le libéralisme ambiant : sexuel certes mais aussi économique
. « Rester vivant », « Interventions » et « le
sens du combat » ses autres ouvrages sont des termes guerriers et offensifs
pour montrer la détermination de l'auteur à vouloir se
battre contre l'excès de libéralisme actuel et continuer à espérer
un monde « meilleur ».
Pour conclure provisoirement sur le sujet, je reprendrais une phrase de ses
multiples interviews « Ce n'est pas pour dire la vérité que
j'écris, c'est pour dire mes incertitudes ».
Dans un tout autre genre « Le tableau du maître flamand » a plu aux amateurs de policiers subtils , intelligents .Une jeune restauratrice de tableaux , Julia, belle, brillante découvre une inscription sur un tableau du XVème siècle représentant 2 joueurs d'échec « Qui a tué le cavalier ? Point de départ pour un va et vient entre l'histoire des 2 hommes, la reconstitution de la partie d'échec et la succession de crimes qui entourent Julia, progressivement menacée comme une pièce sur un damier mais sous l'aile protectrice de Munoz, personnage décalé et brillant joueur d'échec. Il vaut mieux connaitre un minimum de règles du jeu d'échecs pour apprécier la subtilité des raisonnements logiques et la finesse de transposition des rôles des différentes pièces : le cheval, le tour, le roi et le rôle des blancs et des noirs.
Personnages trop caricaturaux pour certains, un hymne à la cigarette pour d'autres , quelques phrases meubles sans aucun doute mais une intrigue bien menée, insolite sans oublier le discours final d'un des protagonistes majeurs du roman « César » brillant esthète de la jet-set madrilène. Arturo Perez Reverte est un romancier à succès et se revendique comme un « porteur de mission » en tant que citoyen d'une Europe riche de mémoire et d'Histoire face à la vacuité de la civilisation nord américaine.
Finalement ce fut le hasard mais dans la trajectoire de ces 2 auteurs , on pourrait retrouver des similitudes
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