Ce livre s’inscrit dans une série où les deux personnages centraux que sont Victor Legris et Joseph Pignot, libraires de leur état, s’adonnent à dénouer des énigmes meurtriers et y réussissent souvent mieux que la police. Les romans de Claude Izner (pseudonyme de deux sœurs bouquinistes Korb et Lefevre) se rangent entre le roman policier et le roman historique.
De l’avis de tous, la lecture de ce roman est difficile pour les non
familiers de cette auteure « bicéphale ». La première
difficulté tient au nombre de personnages qui entrent en scène
très rapidement : la famille des deux détectives compte onze
personnes, prélude aux familles recomposées de notre présent
; viennent aussi les victimes dont on ne comprend pas qui ils sont, sinon qu’ils
appartiennent à un club d’amateurs de confitures. Le lecteur s’évertue à suivre
l’intrigue qui disparaît à chaque chapitre dans de multiples
diversions, prétextes à des descriptions, souvent intéressantes,
de quartiers populaire du Paris du 19ème siècle. Certains critiques
ont salué la langue de ces auteures que la majorité d’entre
nous ont trouvé plutôt lourde et laborieuse tout en soulignant
le trésor de mots des gens de métiers de l’époque
ainsi que celui des prénoms en usage (Euphrosine, Ambroisine, Philomène,
Pétronille etc…).
Au final, le puzzle s’achève d’une manière qui nous
est apparue artificielle en évoquant le para-normal. Très érudites,
ces auteures bouquinistes nous disent peu de choses sur ce métier qui
s’installe effectivement à ses débuts Quai Voltaire, introduisent
l’« affaire Dreyfus et le J’accuse de Zola » d’une
manière allusive et quasi-décorative, ce qui a choqué certain-es
d’entre nous. En bref, ce roman aurait pu prendre la forme d’un
roman feuilleton, genre oublié, et ainsi rendre sa lecture plus accessible.
Hormis l’un d’entre nous qui, se trouvant hospitalisé à cette
date, l’a lu d’une traite, les autres ont accompli leur devoir
de lecteur d’un cercle au terme de plusieurs reprises, pour les plus
studieux, d’autres ont abdiqué. Peut-être n’était-ce
pas le meilleur livre de Claude Izner. La diffusion et la traduction de leurs
ouvrages dans plusieurs langues laissent penser que nous n’avons pas
fait le meilleur choix.
En bref, nous ne conseillerons pas celui-ci à des amis.
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