Décalages est le titre des nouvelles d’Evelyne Hirrien dont nous avons reporté le commentaire pour la prochaine séance. Ce titre aurait pu s’appliquer à « Voyage avec un âne dans les Cévennes » tant il a paru décalé à certains d’entre nous. Faut-il aimer les randonnées pour apprécier un journal d’un voyage à pied dans une des régions les plus austères et de surcroît au milieu du XIX ème siècle ? Rien n’est moins sûr puisque les amateurs de marche ont trouvé le texte ennuyeux. En revanche les amateurs de belle poésie ont pu apprécier les phrases intemporelles telles que la description des nuits à la belle étoile.
Trop lent, trop peu de détails sur les anecdotes de voyage ? Les remarques n’ont pas manqué sur ce texte insolite. Il est vrai que la fantaisie et la lenteur de Modestine, l’ânesse réquisitionnée pour porter le maigre paquetage de Stevenson, dans son entêtement à improviser au gré de son humeur n’ont pas contribué à rendre ce journal haletant, oui texte décalé, c’est certain, et même si la langue a par moments vieilli, ceux qui ont voulu retrouver le goût du vrai voyage, sans but, « non pour aller quelque part mais pour marcher, les nuits à la belle étoile, dans un climat austère entre froid, loup et voleurs » ont pu apprécier.
Peut-être ne fallait-il pas vouloir trouver autre chose dans ce texte, juste quelques instants fugaces entrecoupés de faits divers qui nous renvoient aux heures sombres du protestantisme, des camisards sans oublier la bête du Gévaudan.
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