Exercice difficile que de résumer un livre d’un de ses auteurs favoris alors qu’il y a eu divergence sur ce livre, certains d’entre nous ont exprimé un « bof, lecture facile mais rien à retenir », pour d’autres qui ont passé un bon moment de lecture, il fut « très agréable ».Que le sujet se termine en happy end à la limite de la naïveté ou du conte de fées, soit, que le « Brooklynn Follies » ne soit pas le chef d’œuvre de Paul Auster, soit encore.
Auster introduit à la fois tout ce qui déplait à l’Amérique de Bush, certains d’entre nous ont pu y voir un souhait de plaire à tout le monde : gourous, sectes, obsédé sexuel, homosexualité et en même temps il souligne ses préférences très loin de l’image actuelle. La happy end a dérangé certains, n’oublions pas que c’est une happy end troublée par ce qui a secoué l’Amérique et Auster a volontairement forcé le trait pour montrer ses contrastes. Car l’Amérique, ce n’est pas que l’image qu’on veut bien nous montrer, l’Amérique c’est un kaléidoscope de contradictions, de créativités, de force et de courage dans le pire comme dans le meilleur, illustrée dans ce qu’elle a de meilleur par la petite Lucy, qui serre ses poings et avance dans la vie avec détermination.
Auster est un raconteur d’histoires, faites de petits bouts, il égrenne des petits riens de la vie à la manière d’un Delerm ou de Gavalda puis digresse en fonction de son imagination pour aboutir à de l’invraisemblance, rien n’est moins structuré qu’un livre d’Auster.
Nathan, le héros du livre, en prenant le lecteur à témoin, démarre son histoire en faisant part du peu de jours qui lui restent à vivre, après une vie un peu ratée, femme et fille liguées contre lui. C’est un personnage qui vogue, seul, sans but sinon celui s’assurer quelques jours tranquilles, sans préoccupation financière dûe à sa carrière d’assureur. Il croise de façon inattendue son neveu Tom qui promis dans sa jeunesse à un brillant avenir s’est laissé couler dans une fadeur et un anonymat inattendus. Et c’est le début d’un sursaut à deux, que vient troubler, une petite fille comme en écho de celle qui illustre La lettre écarlate. Car Auster s’amuse, à mêler les personnages, réels, fictifs, à introduire des anecdotes réelles d’écrivain. Il joue avec les rencontres, des rencontres en cascade imprévues, qui transforment les destins, elles pourraient avoir une autre trajectoire, rien n’est vraiment pensé, prévu.
Cette histoire aurait-elle pu se passer ailleurs ? Non, ce qui fait aussi le charme d’Auster c’est son profond attachement à son quartier de Brooklyn, souvent le cadre de ses romans, un Brooklynn au quotidien, tout ce qu’il a décrit dans les scénario de ses films revient ici très présent. Auster est profondément humaniste, le deviendrait-il exagérément ?
Ce livre a peut-être été écrit dans la précipitation et a de toutes évidences moins de profondeur que certains de ses précédents ouvrages, il ressasse ses thèmes favoris et ses histoires se déroulent toujours dans des milieux artistiques, mais c’est parce que c’est ce qu’il connaît le mieux, nous dirait-il.
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