Les séances se suivent et ne se ressemblent pas : séance sans l'auteur puis en présence de l'auteur : 2 manières différentes d'aborder le livre. Rien de tel pour couper court à nos imaginations débridées qu'un éclairage de l'auteur.
Interrogatoire auquel a bien voulu se plier Agnès Renaut venue nous dévoiler la genèse de son court roman "Qu'as-tu fait de ta sœur ?" Roman de pure fiction avec une idée de départ : un tragique fait divers sur le crime de enfants de Liverpool en 94. Le livre n'est pas centré sur la jalousie entre fratrie et la jalousie n'est que prétexte à la préoccupation de l'auteur qui a voulu se mettre dans la peau d'un enfant qui passe à l'acte, un enfant meurtrier coupé de toute relation sociale et de communication.
La construction du roman, le style haché adopté, les consonnes dures rajoutent en intensité et contribuent à créer un univers familial glauque et maintient tout au long du roman l'attention du lecteur : père quasi absent, au chômage, mère névrosée, envahie par sa relation avec sa 2ème enfant, cadette immobile et envahissante, aînée investie de responsabilités et des tâches ménagères. Faux langage d'enfant ; vocabulaire réduit volontairement puisque personne ne parle, vide affectif, le décor est bien posé pour crédibiliser le drame qui va se jouer et dont on connaît l'issue dès la 1ère page.
Maupassant : peut-on raisonnablement discuter en moins d'une heure autour d'un roman de Maupassant. Surtout Bel Ami, un de ses derniers, le plus réussi, écrit vers la fin de sa vie que l'on devine à quelques passages particulièrement émouvants. Il se met en scène sous les traits d'un poète déchu et qui livre un passage superbe sur la mort que l'on sent prochaine chez l'auteur.
A défaut d'avoir abordé tous les thèmes, beaucoup de discussion autour de la sympathie ou antipathie qu'inspire le héros. Chronique d'un arriviste autre titre possible ? Non Tout le monde n'est pas d'accord sur le mot arriviste. C'est en fait un excellent apprenti. Georges Duroy assimile très vite les leçons et anticipe très vite sur les conséquences de son pouvoir de séduction sur les femmes dont il saura se servir pour arriver à ses fins. Quelques scrupules et réticences au départ vite balayées dans le feu de l'action, le tourbillon de ses journées devenues follement vivantes en regard de celles qui se déroulaient monotones dans son Ministère.
Style extraordinaire, pouvoir des mots simples mais agencés en musique, art littéraire dans sa complétude et sa perfection. A l'unanimité, un pur régal de lecture ou de relecture avec des yeux expérimentés capables de mieux décoder toutes les subtilités des joutes de l'époque mais a-t-elle tellement changé ? On en doute. Alors Duroy victime de la société qui l'a perverti ? On n'a pas senti beaucoup de résistance de sa part. Etude des moeurs politiques, journalistiques, que de portraits contemporains pourrait-on ainsi transposer ?
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