Un accueil mitigé pour "Le tigre blanc" mais chacun avait quelque
chose à en
dire ! Et se posait diverses questions…
Aravind Adiga est un Indien du sud, qui a fait ses études en Australie, puis a étudié la littérature anglaise à Columbia aux Etats-Unis, puis à Oxford en Angleterre. Il est né à Chennai (ex-Madras) et vit à Mumbai (ex-Bombay). Il est donc imprégné d’une double culture car il connaît bien son pays d’origine mais aussi l’Occident où il a effectué ses études supérieures. Le tigre blanc, paru en anglais en 2008, a obtenu le prix « Man Booker ». C’est le premier roman de l’auteur.
Au niveau global, nous avons conclu que ce livre donnait une vision partielle de l’Inde et qu’il était sans doute difficile à appréhender pour ceux qui ne connaissaient pas, ou très peu, ce pays. Par ailleurs, la construction du livre - plusieurs lettres envoyées la nuit au 1er ministre chinois qui doit se rendre en Inde - a paru artificielle et un peu incompréhensible à la majorité des lecteurs. Bon nombre de lecteurs ont néanmoins considéré que le livre était assez facile à lire, très vivant, et se lisait un peu comme un polar. Ceux qui l’ont relu pour le cercle ont préféré la deuxième lecture.
Tous ont trouvé le livre foncièrement noir, dur, avec une forte dose d’humour que certains qualifie uniquement de cynisme. La société est très brutale, les comportements des personnages nous choquent, la corruption est omniprésente. Le « héros », Balram, issu de la caste des Halwai (confiseurs) s’en sort « grâce à un seul crime ». C’est un livre que l’on peut considérer comme excessif, sans nuances, très binaire car, bien sûr, l’Inde ne se résume pas aux propos de cet ouvrage. L’auteur, dans une interview, a déclaré avoir forcé le trait car il souhaitait que son pays change.
A travers ses personnages, Aravind Adiga nous décrit le fonctionnement du système des castes, avec le mépris affiché des « bien-nés » pour les personnes des castes inférieures, et notamment des intouchables. Il s’agit d’un véritable système, qui détermine le métier, la vie et la réussite sociale de chacun. Cependant, il semble que tout était bien organisé avant l’indépendance de l’Inde, le 15 août 1947, - le pays était alors une véritable « cage à poules » où chacun assumait son rôle, défini à sa naissance. (Mais l’auteur ne dit pas un mot sur la colonisation britannique qui a duré quelques 300 ans, compagnie des Indes incluse, et a fortement influé sur le pays…). Lors de l’indépendance, la « cage à poules » a été ouverte et a laissé la place à une véritable jungle où la corruption prédomine et où il n’y a plus que deux castes, les « gros ventres » et les « ventres creux », les premiers « se nourrissant » en quelque sorte des seconds. L’intouchabilité est interdite dans la Constitution indienne depuis les années 50 mais elle est pourtant largement « pratiquée ». La discrimination positive mise en œuvre pour accorder des places aux Indiens issus des basses castes - et notamment aux intouchables, que Gandhi appelait « harijans » (fils de Dieu) - fait que ces derniers ont parfois intérêt à ne pas taire leur origine pour en bénéficier. Cela contribue aussi à faire perdurer le système.
L’auteur qualifie de monde des « Ténèbres » celui des villages, et notamment de plusieurs états de l’Inde du nord, très ruraux et plutôt arriérés, et de « Lumière » celui de certaines parties des grandes villes, là où vivent les riches, voire les très riches.
Certains lecteurs considèrent que le roman est plus représentatif de l’Inde du nord, leur vision de l’Inde du sud est différente. D’autres ont remarqué que l’on ne parlait que des hindous et pas des musulmans. Une participante précise que ces derniers ne représentent que 15% de la population et que le système des castes est également présent chez eux.
Un lecteur a trouvé le livre nul au niveau du style, écrit dans une langue très plate. Le style journalistique, un peu haché, constitué de phrases courtes, n’a pas gêné les autres participants même s’ils ont considéré qu’il ne s’agissait pas d’une grande œuvre sur le plan littéraire.
De nombreuses questions ont émergé suite à cette lecture. Un participant a déclaré qu’il y avait autant d’« Indes » que de voyageurs… Tout dépend de notre état d’esprit lorsque l’on se rend sur place. Il s’agit d’un pays aux multiples facettes, et la démocratie, évoquée de manière très critique dans ce livre, arbore également un visage différent selon les pays et les époques...
Aravind Adiga est un Indien du sud, qui a fait ses études en Australie, puis a étudié la littérature anglaise à Columbia aux Etats-Unis, puis à Oxford en Angleterre. Il est né à Chennai (ex-Madras) et vit à Mumbai (ex-Bombay). Il est donc imprégné d’une double culture car il connaît bien son pays d’origine mais aussi l’Occident où il a effectué ses études supérieures. Le tigre blanc, paru en anglais en 2008, a obtenu le prix « Man Booker ». C’est le premier roman de l’auteur.
Au niveau global, nous avons conclu que ce livre donnait une vision partielle de l’Inde et qu’il était sans doute difficile à appréhender pour ceux qui ne connaissaient pas, ou très peu, ce pays. Par ailleurs, la construction du livre - plusieurs lettres envoyées la nuit au 1er ministre chinois qui doit se rendre en Inde - a paru artificielle et un peu incompréhensible à la majorité des lecteurs. Bon nombre de lecteurs ont néanmoins considéré que le livre était assez facile à lire, très vivant, et se lisait un peu comme un polar. Ceux qui l’ont relu pour le cercle ont préféré la deuxième lecture.
Tous ont trouvé le livre foncièrement noir, dur, avec une forte dose d’humour que certains qualifie uniquement de cynisme. La société est très brutale, les comportements des personnages nous choquent, la corruption est omniprésente. Le « héros », Balram, issu de la caste des Halwai (confiseurs) s’en sort « grâce à un seul crime ». C’est un livre que l’on peut considérer comme excessif, sans nuances, très binaire car, bien sûr, l’Inde ne se résume pas aux propos de cet ouvrage. L’auteur, dans une interview, a déclaré avoir forcé le trait car il souhaitait que son pays change.
A travers ses personnages, Aravind Adiga nous décrit le fonctionnement du système des castes, avec le mépris affiché des « bien-nés » pour les personnes des castes inférieures, et notamment des intouchables. Il s’agit d’un véritable système, qui détermine le métier, la vie et la réussite sociale de chacun. Cependant, il semble que tout était bien organisé avant l’indépendance de l’Inde, le 15 août 1947, - le pays était alors une véritable « cage à poules » où chacun assumait son rôle, défini à sa naissance. (Mais l’auteur ne dit pas un mot sur la colonisation britannique qui a duré quelques 300 ans, compagnie des Indes incluse, et a fortement influé sur le pays…). Lors de l’indépendance, la « cage à poules » a été ouverte et a laissé la place à une véritable jungle où la corruption prédomine et où il n’y a plus que deux castes, les « gros ventres » et les « ventres creux », les premiers « se nourrissant » en quelque sorte des seconds. L’intouchabilité est interdite dans la Constitution indienne depuis les années 50 mais elle est pourtant largement « pratiquée ». La discrimination positive mise en œuvre pour accorder des places aux Indiens issus des basses castes - et notamment aux intouchables, que Gandhi appelait « harijans » (fils de Dieu) - fait que ces derniers ont parfois intérêt à ne pas taire leur origine pour en bénéficier. Cela contribue aussi à faire perdurer le système.
L’auteur qualifie de monde des « Ténèbres » celui des villages, et notamment de plusieurs états de l’Inde du nord, très ruraux et plutôt arriérés, et de « Lumière » celui de certaines parties des grandes villes, là où vivent les riches, voire les très riches.
Certains lecteurs considèrent que le roman est plus représentatif de l’Inde du nord, leur vision de l’Inde du sud est différente. D’autres ont remarqué que l’on ne parlait que des hindous et pas des musulmans. Une participante précise que ces derniers ne représentent que 15% de la population et que le système des castes est également présent chez eux.
Un lecteur a trouvé le livre nul au niveau du style, écrit dans une langue très plate. Le style journalistique, un peu haché, constitué de phrases courtes, n’a pas gêné les autres participants même s’ils ont considéré qu’il ne s’agissait pas d’une grande œuvre sur le plan littéraire.
De nombreuses questions ont émergé suite à cette lecture. Un participant a déclaré qu’il y avait autant d’« Indes » que de voyageurs… Tout dépend de notre état d’esprit lorsque l’on se rend sur place. Il s’agit d’un pays aux multiples facettes, et la démocratie, évoquée de manière très critique dans ce livre, arbore également un visage différent selon les pays et les époques...
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