« Meaume leur dit : Je suis né en 1617 à Paris... A Bruges, j'aimais une femme (dont la beauté le laisse désert) et mon visage fut brûlé... J'ai caché un visage hideux... les hommes désespérés vivent dans les angles.. »
Dès les premières lignes, tout est dit sur l'intrigue de « Terrasse à Rome » comme si Pascal Quignard s'en détournait rapidement pour se concentrer sur l'écriture, pour ciseler ses phrases à la manière du graveur dont il nous révèle la technique fidèle à son sens de l'érudition. L'histoire lui sert de prétexte et tout en nous livrant des fragments de vie décousus à l'image de l'errance de Meaume. L'auteur s'attarde à décrire la recherche de ce qui est perdu. Parallèle entre le graveur grave, aux circonstances aggravantes (visage caché et amour perdu), voué au noir et blanc, spécialiste des ombres. La narration vise d'autres ombres, cette « nuit irrésistible au fond de l'homme » qu'est le souvenir.
Large éventail d'opinions et réactions extrêmes pour ce livre et qui vont de l'emballement « extase, ton poétique, précioseté du style » au rejet « érudition pour l'érudition. Quignard qui nous prend pour des ignares ou encore nous plonge dans l'ambivalence beauté de l'histoire mais histoire déconcertante ». On se laisse bercer par la musique des mots ou on délaisse.
Plus intimsite, très personnel avec un titre accrocheur « Chaque jour est un adieu » Alain Rémond, rédacteur en chef de la rubrique Mon oeil à télérama, nous offre un petit récit émouvant, en tirant un trait sur une temps révolu: enfance dans une famille nombreuse en Bretagne dans les années 50.
Sorte de livre-miroir qui renvoie à nos propres souvenirs d'enfance. Pas de misérabilisme, plutôt une certaine gaieté, avec le sentiment que, enfant, on songe avant tout aux menus plaisirs quotidiens et que le temps des soucis ou des malheurs viendra assez tôt. Deux parties, la première s'achève sur le constat de désamour et de séparation des parents, la seconde est plus décousue comme si l'auteur voulait en finir au plus vite et tourner enfin la page à cette autoanalyse. Encore un livre -thérapie ?
- Linda, le 11/02/2010
- Chaque jour est un adieu de Alain Rémond
Quel livre magnifique! Ce n'est pas sans regret que j'ai entendu la voix de mon lecteur de CD-Daisy me dire: "Fin du CD".
La maison est l'épine dorsale de cet ouvrage, à l'image de nombreux récits d'enfance. Là se côtoient les plaisirs minuscules et les malheurs majuscules. Lorsqu'on regarde en arrière, on a l'impression que les uns prennent autant de place que les autres. Le temps passe, on devient adulte, et quand les êtres chers arrivent en bout de course, on se rend compte qu'on est passé à côté d'eux sans les connaître.
Pour l'auteur, écrire a été, je crois, une thérapie pour créer une parfaite harmonie entre rires, coups, jeux, guerre, moments de solitude et de bruit autour de la table familiale.
Si Agnès, sa soeur, avait eu l'idée de mettre sur papier ce qui grouillait dans sa tête, peut-être aurait-elle vécu bien plus longtemps.
Une seule maison, une seule table, un seul lit, voilà ce que tout enfant devrait, en principe, connaître, et je comprends le mal-être de tous ces petits de nos couples séparés, petits ballotés d'un côté à l'autre, ne sachant très bien qui aimer.
Cependant, quand on pense à l'alcoolisme paternel qui a fait souffrir la famille, on peut se demander s'il ne vaudrait pas mieux deux lits et la paix qu'un lit et la haine. La seule solution à ce dilemme serait que nos jeunes couples retrouvent les vraies valeurs du mariage et de la famille.
En ce temps-là, pas d'ordinateur, pas de télé dans toutes les demeures, pas de play-stations... Pourtant, qu'est-ce qu'on semblait être heureux... de rien, et avec rien.
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